Exposition
LA FOLIE EN TÊTE
Aux racines de l’art brut
16 Novembre 2017 – 18 mars 2018
Maison de Victor Hugo, Paris
A l’instar d’Entrée des médiums, en 2012, La Folie en tête propose d’explorer la constitution d’un nouveau territoire de l’art en s’ancrant dans la vie de Victor Hugo, douloureusement frappé par la maladie mentale de son frère Eugène et de sa fille Adèle. Il s’agit de suivre l’évolution du regard porté sur la folie au XIXe siècle, avec l’attention soutenue des aliénistes pour la production de leurs malades.
Entre les Lumières et le Romantisme germe un nouveau regard sur la maladie mentale. Au cours du XIXe siècle, les œuvres des internés vont retenir l’attention des psychiatres qui les suscitent parfois à des fins « d’art-thérapie ». Ceux-ci deviennent les premiers collectionneurs. Leur souci de diagnostic et d’étude s’ouvrent peu à peu sur la conscience d’être face à un art véritable.
La folie devient l’emblème de ce romantisme que Charles Nodier qualifie de « frénétique ». Nodier écrit sur les « fous littéraires », mais surtout donne à la folie une place éminente dans son œuvre : La Fée aux miettes se présente comme le récit d’un lunatique de l’asile d’Édimbourg. La folie est volontiers l’explication rationnelle de l’irrationnel auquel le siècle ne croit plus. Ainsi, dans Inès de Las Sierras, l’apparition d’un spectre se révèle n’être que celle d’une folle que la pratique de son art – le chant – va guérir. Nodier fait ici entrer le visiteur de plain-pied dans le « traitement moral » et « l’art thérapie » avant la lettre.
Plusieurs psychiatres collectionnent les œuvres de leurs patients, certains pour des raisons scientifiques ou thérapeutiques, d’autres pour le simple plaisir de collectionner. Poussés par des efforts humanistes – ouverture des hôpitaux, traitement plus « humain » des malades mentaux –, ces premiers psychiatres-collectionneurs ont tenté de circonscrire un nouveau champ de recherche esthétique.
Aux racines de l’art brut
La « découverte » des productions des malades mentaux après la Première Guerre mondiale et l’« invention » de l’art brut par Jean Dubuffet après la seconde témoignent d’un fervent intérêt. Nombreux sont les artistes qui se sont intéressés, parfois passionnés pour les œuvres des collections Prinzhorn et Morgenthaler. On pourrait citer Paul Klee, Max Ernst – qui avait un projet d’ouvrage sur l’art des malades mentaux –, Salvador Dalí, Hans Bellmer enthousiasmé par les sculptures en bois de Johann Karl Genzel, Jean Tinguely par les dessins de Heinrich Anton Müller, ou encore Georg Baselitz, Walter Stöhrer, Jiri Georg Dokoupil, Arnulf Rainer, ou Richard Lindner à l’égard des travaux de Josef Schneller.
Les œuvres provenant des hôpitaux psychiatriques sont redécouvertes sous l’impulsion de Harald Szeemann, qui présente en 1963 les réalisations d’Adolf Wölfli et de H. A. Müller au Kunstmuseum de Berne ainsi qu’à Bâle. Jean Dubuffet les a définitivement placées hors de l’hôpital en les intégrant dans le fonds de la Compagnie de l’art brut.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
Le parcours de visite, organisé de façon chronologique à travers quatre grandes collections européennes, met en lumière près de 200 œuvres parmi les plus anciennes et peu ou pas vues en France. Clandestines, fragiles, faites sur les murs de l’asile ou sur des matériaux de hasard récupérés en cachette, dessins ou peintures, broderies ou objets.
Chacune de ces œuvres nous ouvre un univers et nous plonge aux racines de l’art brut. Les contraintes d’espace ont conduit au choix de quatre collections, significatives, voire emblématiques, réparties géographiquement et chronologiquement : celles du doxteur Browne, du docteur Maire, de Walter Morgenthaler et la collection Prinzhorn. Refusant l’imagerie de la folie et sa mise en spectacle des troubles mentaux, l’exposition s’ouvre sur l’évocation de Eugène, frère de Victor Hugo et de sa propre fille Adèle tous deux atteints de troubles psychiatriques, entend ne montrer que l’œuvre des malades et leur rendre hommage, en tant qu’artistes, comme à leurs thérapeutes.
Collection du Dr Browne Crichton Royal Hospital,
dans la ville écossaise de Dumfries
Collection du Dr Auguste Marie Asile de Villejuif
Collection Walter Morgenthaler Asile de la Waldau près de Berne
Collection Prinzhorn Hôpital psychiatrique de l’Université de Heidelberg
OUVRAGE
À la suite de l’ouvrage Entrée des mediums. Spiritisme et Art de Hugo à Breton, La Folie en tête poursuit l’exploration de territoires situés en périphérie du champ artistique, du XIXe au début du XXe siècle. Après avoir rendu compte de la naissance de l’art spirite et de son influence sur le surréalisme et sur l’art brut, la Maison de Victor Hugo propose de découvrir « l’art des fous », son évolution et sa reconnaissance progressive comme art à part entière.
L’ouvrage prend pour point d’accroche l’irruption dramatique de la maladie mentale dans la vie de Victor Hugo, qui voit son frère, Eugène, puis sa fille, Adèle, internés. Dans le même temps, le mouvement du romantisme porte un regard neuf sur la folie et son lien étroit avec le génie, tandis que la psychiatrie moderne amène, à partir de la fin du XVIIIe siècle et tout au long du siècle suivant, à faire évoluer les mentalités et à accroître la volonté de soigner.
Les psychiatres sont ainsi les véritables inventeurs de « l’art des fous ». S’ils s’intéressent aux créations des malades pour établir leur diagnostic, ils en réunissent de véritable collections et en imaginent des musées, prélude à la pleine reconnaissance artistique que leur accordera Jean Dubuffet avec l’art brut. Cet ouvrage présente quatre collections psychiatriques – celle du Crichton Royal Hospital en Écosse, celle du Dr Auguste Marie conservée à la Collection de l’Art Brut de Lausanne, celle de la clinique La Waldau du Psychiatrie-musée de Berne, ainsi que la collection Prinzhorn à Heidelberg –, en un hommage aux malades artistes et aux psychiatres qui ont sauvé leurs œuvres.
ANIMATIONS CULTURELLES
Visites conférences
29 novembre à 16h, 2 décembre à 13h et 16h, 20 décembre à 16h.
Lecture
En partenarait avec Paris en Toutes Lettres et le cours Florent, lecture de textes des artistespatients par deux jeunes comédiens le 17 novembre à 18h30.
Table ronde
Discussion sur les origines de l’art brut au travers des collections de psychiatres. Concert A partir des partitions du fonds du musée, concert au piano accompagnée par Sylvie Robert autour de la Folie.
VISITES accessibilité
Durée : 2h. Sur réservation
Groupes scolaires sur rendez-vous
Tarifs des conférences
Plein tarif : 6 euros
Tarif réduit : 5 euros
Possibilités de visites conférences pour les groupes sur demande : 01 71 28 17 97
INFORMATION PRATIQUE
6, place des Vosges 75004 Paris
Métro : Saint-Paul (1), Bastille (1, 5, 8), Chemin-Vert (8)
Bus : 20, 29, 65, 69, 96
TARIFS DE L’EXPOSITION
Plein tarif : 8 euros
Tarif réduit : 6 euros