La Gloriette de Buffon, monument emblématique du Jardin des Plantes et chef d’œuvre du patrimoine français, est le plus ancien édifice métallique de Paris et l’un des plus anciens au monde.
Mais l’avenir de ce belvédère est plus qu’incertain : les éléments, la pollution, la stagnation des eaux… ont détérioré ses décors mais aussi fragilisé sa structure, le rendant dangereux pour le public et obligeant le Muséum à fermer son accès.
Sa restauration est donc indispensable : le Muséum lance aujourd’hui un appel à contribution auprès du public, amoureux du Jardin des Plantes, passionnés d’histoire et d’architecture… pour aider à sauver la Gloriette !
Un monument historique
Depuis 1635 – date de la création par Louis XIII du Jardin royal des Plantes médicinales -, le Jardin des Plantes a évolué avec les besoins et les styles d’aménagements de chaque époque, dont l’empreinte est encore visible aujourd’hui (bâtiments, végétaux, sculptures…) et lui confère une diversité et une richesse uniques. L’un des plus anciens témoins de cette évolution est la Gloriette de Buffon, érigée en 1786-87.
Ce belvédère était à l’époque pour le moins avant-gardiste : il précède de 60 ans les œuvres de Victor Baltard et de plus d’un siècle les réalisations de Gustave Eiffel ! Située au sommet de la butte du Labyrinthe, la Gloriette de Buffon est l’une des plus anciennes fabriques du Jardin des Plantes.
IIIe vue du Jardin des Plantes, à Paris, Le Labyrinthe © MNHN – Bibliothèque centrale
L’aménagement du kiosque fut réalisé sur l’ordre du Comte de Buffon, d’après les dessins d’Edme Verniquet, architecte du Roi Louis XVI et réalisé par Claude-Vincent Mille, serrurier du Roi. Comme dans la plupart des jardins des capitales européennes, les aristocrates et bourgeois parisiens aimaient s’y rencontrer, masqués et parfois costumés, pour des soirées confidentielles de « libertinage intellectuel », débattant des dogmes et idées de l’époque.
La Gloriette de Buffon est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1993.
Une structure unique
La Gloriette de Buffon, dont l’architecture possède de nombreuses références maçonniques, est constituée d’une armature en fer et d’un habillage composé de cinq métaux différents : bronze, cuivres jaune et rouge, laiton et or. S’élevant sur plus de 9 mètres, elle est établie sur un plan de forme circulaire, présentant huit colonnes au total et une sphère armillaire en fonte et cuivre à son sommet.
L’ossature en fer, en grande partie dissimulée sous un habillage formant les éléments de décors, est fixée par rivets, la soudure n’existant pas au XVIIIe siècle. La fonte utilisée, issue des forges de Buffon à Montbard, est d’une très grande qualité et constitue un témoin remarquable des techniques utilisées à l’époque. Un gong solaire dominait l’ensemble ; il sonnait chaque jour à midi, actionné par un marteau déclenché par la rupture d’un fil de crin, remplacé quotidiennement après que les rayons l’eurent brûlé à travers une loupe.
Le projet de rénovation
Les pathologies dont souffre la Gloriette de Buffon rendent urgente sa rénovation. En effet, la corrosion de la structure de fer est très importante, particulièrement au niveau de l’habillage des piédestaux de colonne, tandis qu’une perte de matière est observée au niveau des pieds de poteau, ce qui influe sur la bonne tenue mécanique de l’ensemble de la structure. L’habillage est également fortement altéré, avec des dépôts noirs causés par la pollution urbaine, des marques de corrosion, des zones perforées, des déformations des tôles du lanterneau et des graffitis sur les piédestaux et fûts de colonne. Enfin, la visserie d’assemblage est endommagée et une mauvaise évacuation des eaux au niveau du lanterneau a été mise en évidence.
L’étude diagnostique et les préconisations ont été réalisées par François Botton, Architecte en Chef des Monuments Historiques. La restauration du monument comportera plusieurs étapes, de la consolidation de la structure à la remise en état de la sphère armillaire et de l’habillage, en passant par le traitement des fers de la structure et la gestion des eaux au niveau du lanterneau.
La campagne de financement
Le coût des travaux de rénovation s’élève à 700.000 € ; le Muséum prospecte des entreprises pour soutenir le projet et rejoindre la Fondation du Patrimoine, la Fondation Total et la Fondation de la Maison de la Chimie, déjà mécènes. Pour compléter le financement et permettre la restauration de la Gloriette, le Muséum lance également un appel à participation auprès du grand public.
La plateforme de dons en ligne est accessible afin de permettre de lancer les travaux au plus vite et afin que les visiteurs du jardin puissent en redécouvrir à nouveau le charme.
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