Thomas Pesquet sera l’acteur de la première performance artistique réalisée dans l’espace
une initiative de l’Observatoire de l’Espace du CNES
Télescope intérieur
une performance poétique d’Eduardo Kac
réalisée par Thomas Pesquet
à bord de la Station spatiale internationale
Thomas Pesquet sera l’acteur de la première performance artistique réalisée dans l’espace
Lors de son séjour de six mois à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) qui débutera fin 2016, le spationaute français Thomas Pesquet réalisera, à l’initiative de l’Observatoire de l’Espace du CNES, Télescope intérieur, une expérience artistique imaginée par l’artiste international Eduardo Kac.
À l’occasion de la prochaine mission Proxima à bord de l’ISS, l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire arts-sciences du CNES, propose un projet inédit : il souhaite se tenir au plus proche de l’actualité spatiale autant que de l’art, dans ses formes les plus contemporaines, dans un projet où la station spatiale et le spationaute français à son bord, seront vecteurs d’un projet artistique inédit qui n’existe qu’en apesanteur.
La Poésie Spatiale d’Eduardo Kac
Télescope intérieur est une poésie spatiale imaginée par l’artiste Eduardo Kac, une œuvre de papier où le langage libéré des contraintes de la pesanteur est vecteur d’une expérience inédite. « La Poésie Spatiale est une poésie performative, puisque le corps du lecteur, alors en apesanteur, est engagé dans une expérience de lecture kinesthésique. Les poèmes spatiaux sont semblables aux œuvres d’arts visuels dans la mesure où ils ne sont pas destinés à être imprimés dans un recueil mais à flotter en apesanteur. Ils contiennent peu de mots (leur charge sémantique est décuplée par l’exploration des réactions de la matière en apesanteur) mais engagent la participation directe du lecteur » explique l’artiste.
Dès 2007, Kac a esquissé un programme où l’« authentique poésie de l’espace » était définie par sa capacité à tester une syntaxe et des comportements matériels irréalisables dans les conditions terrestres. Télescope intérieur se matérialise par deux formes découpées dans du papier qui, une fois lancées en apesanteur et d’une manière que seule permet l’absence de gravité, composent les trois lettres du mot « moi », dont la concision est compensée par les aspects changeants que son mouvement donnera à l’assemblage. Le texte se fera également sculpture mobile, telle que, selon l’angle et le moment, chacun pourra y lire ou non différents caractères, y voir un volume abstrait ou la représentation d’un instrument d’observation, d’un satellite, d’une figure humaine.
Représentant d’une parcelle de l’humanité exportée dans l’espace, Thomas Pesquet incarne un point vivant, à qui revient la réalisation de cette œuvre de Poésie Spatiale. C’est en partant de l’individu comme un expérimentateur qu’Eduardo Kac propose d’engager une méditation sur notre avenir sur la Terre et sur notre présence dans l’univers. Détaché de notre planète natale, Télescope Intérieur devient, par l’intermédiaire de Thomas Pesquet dans l’ISS, un instrument d’observation et de réflexion poétique pour réinventer notre rapport au monde.
Pourquoi un poème dans l’espace ?
En inscrivant dans son programme de recherche à bord de l’ISS un dispositif poétique, l’Agence spatiale européenne nous rappelle qu’explorer et expérimenter ne sont pas l’apanage des sciences et techniques, et que la culture et la création artistiques forment une composante majeure de la vie humaine, notamment dans un environnement qui la force à se réinventer. Le dispositif imaginé par Eduardo Kac lance une question aux spécialistes de l’espace comme au reste du public : quel type d’écriture et quelle expérience de l’écrit peut-on concevoir, non pas à propos de l’Espace, mais en son sein, avec ses outils et ses contraintes ?
Construction et restitution du projet
L’Observatoire de l’Espace suit depuis plusieurs années le travail d’Eduardo Kac sur la poésie spatiale. Celui-ci a notamment participé à Espace(s), la revue de création et de littérature contemporaine éditée par l’Observatoire de l’Espace, et à Sidération, le festival des imaginaires spatiaux. Conscient de l’opportunité unique que constitue le séjour de l’astronaute français de l’ESA Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale, l’Observatoire de l’Espace a mis en relation l’artiste et le scientifique et les a accompagné dans l’élaboration du dispositif qui sera expérimenté et constituera une grande première dans le champ de la création artistique dans l’Espace. Eduardo Kac et Thomas Pesquet se sont rencontrés à plusieurs reprises et l’astronaute s’est entraîné, au Centre européen des astronautes de Cologne, à réaliser l’objet, guidé par l’artiste.
Afin de partager avec le grand public cette expérience hors du commun et les questions qu’elle soulève, un film documentaire sera réalisé et présenté pour la première fois lors du festival Sidération au siège du CNES en mars 2017.
Eduardo Kac et Thomas Pesquet dans la réplique du module Colombus au Centre d’entraînement des astronautes européens à Cologne en Allemagne © CNES
A propos d’Eduardo Kac
Internationalement reconnu, notamment pour ses œuvres interactives sur le Net et sa pratique en bio art, cet artiste américain, né en 1962, explore depuis plus de trente ans les possibilités syntaxiques et formelles d’une poésie nouvelle qui entretient des relations étroites avec la matérialité de la science et la technologie. En 1983, il crée le terme d’« holopoésie » pour décrire ses textes flottants tridimensionnels marquant ainsi le début d’une relation intense entre pratique artistique et technologie.
Il est d’ailleurs l’auteur d’un manifeste de la Poésie Spatiale, où il défend l’idée que la poésie pourra se déployer sous de nouvelles formes lorsque le langage sera libéré des contraintes de la pesanteur.
Eduardo Kac et Thomas Pesquet au Centre d’entraînement des astronautes européens à Cologne en Allemagne. © Virgile Novarina
A propos de Thomas Pesquet
Thomas Pesquet, né en 1978, est ingénieur de formation, diplômé de l’Ecole nationale supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace. Il travaillé pendant deux ans au CNES en tant que responsable de projets de recherche sur les segments sol des missions spatiales du futur, d’harmonisation de technologies européennes, d’autonomie des satellites et de standardisation des échanges de données entre agences internationales. Il est également passionné de vol et a exercé comme pilote pour Air France et instructeur de vol sur l’Airbus A-320.
Cette double compétence lui a permis d’être recruté en 2009 par l’ESA pour faire partie de sa nouvelle génération d’astronautes, groupe dont il est le plus jeune représentant. En 2014, il a été affecté à l’expédition n°50 de l’ISS. Il sera ingénieur de vol pour la station qu’il rejoindra fin 2016 pour une durée de 6 mois. Il s’entraine aux Etats-Unis, en Russie et à Cologne où il a rencontré Eduardo Kac pour une répétition de Télescope intérieur.
A propos de l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire arts-sciences du CNES
L’Observatoire de l’Espace est le laboratoire arts-sciences du CNES. Il propose à des artistes une immersion spatiale pour susciter des créations originales inspirées de l’Espace et partager avec le public la richesse de cet univers. L’Observatoire de l’Espace accompagne des projets dans tous les champs de la création : littérature, spectacle vivant, art contemporain, et imagine sans cesse de nouvelles expérimentations avec les artistes pour susciter l’inspiration.
Le fruit de ces collaborations est présenté au public sous des formes variées : livres, expositions, festivals, rencontres, spectacles, proposés au siège du CNES à Paris ou hors-les-murs.
LA PREMIERE ŒUVRE D’ART REALISEE DANS L’ESPACE
« La Poésie Spatiale est une poésie performative, puisque le corps du lecteur, alors en apesanteur, est engagé dans une expérience de lecture kinesthésique. Les poèmes spatiaux sont semblables aux œuvres d’arts visuels dans la mesure où ils ne sont pas destinés à être imprimés dans un recueil mais à flotter en apesanteur. Ils contiennent peu de mots (leur charge sémantique est décuplée par l’exploration des réactions de la matière en apesanteur) mais engagent la participation directe du lecteur ». Eduardo Kac
Centre National d’Études Spatiales
2 place Maurice Quentin – 75001 Paris
observatoire.espace@cnes.fr
Tél : 01 44 76 74 21