Jusqu’au 18 février prochain, Le Bon Marché Rive Gauche accueille les œuvres monumentales d’une artiste japonaise très particulière : Chiaru Shiota.
A l’intérieur du centre commercial et dans les vitrines, l’artiste a créé
in situ d’incroyables structures en utilisant son matériau de prédilection :
le fil de coton. Visite.
Encore une fois, ils ont visé juste. Il faut dire qu’avec Chiaru Shiota, il y avait peu de chance de se tromper. Il y a tout juste un an, le passage d’Ai Weiwei au Bon Marché avait été, à plusieurs titres, très remarquée : un artiste engagé exposé au beau milieu de boutiques de luxe, des œuvres magnifiques, un accrochage subtil, il y avait de quoi faire parler. En 2017, Le Bon Marché réitère donc l’expérience et le joli coup de pub avec cette fois-ci une artiste japonaise qui a notamment représenté son pays au cours de la dernière Biennale de Venise : Chiaru Shiota.
Cousu de fil blanc
Ceux qui connaissaient déjà son travail attendaient de pied ferme l’ouverture de l’exposition du Bon Marché qui, quoi qu’on en dise, s’impose chaque année comme un événement artistique majeur du paysage culturel parisien. Car systématiquement, les artistes jouent le jeu : les œuvres suspendues épousent l’architecture intérieure du bâtiment qui les accueille et leur offre une totale liberté.
Cette année, Chiaru Shiota a misé sur ce qu’elle sait faire, il sera donc question de vagues et de bateaux. Et même de vagues de bateaux, de cascades qui se déversent dans les airs dans un mouvement que l’on parvient presque à percevoir. Mais il faut s’approcher pour distinguer à quel point le travail de l’artiste est subtil : océan noir et bateaux blancs, tout n’est que fils de coton que l’artiste parvient à tisser, à sculpter pour créer ce nuage de formes massives et à la fois incroyablement légères.
L’architecture du Bon Marché nous offre, il faut le dire, une superbe opportunité de découvrir les œuvres de Chiaru Shiota sous toutes ses coutures : du rez-de-chaussée, du premier, du deuxième étage, la majesté de ces esquif s’impose différemment à chaque angle de vue. Chacun est libre d’apprécier la finesse éblouissante du travail de l’artiste ou la dimension symbolique de ces embarcations qui semblent naviguer entre les mondes…
Immersion
Mais l’exposition ne s’arrête pas là. Si le regard du visiteur se plonge d’abord dans la cascade éthérée des barques célestes, Chiaru Shiota laisse finalement place à une immersion plus concrète, physique et terrestre : un tunnel à même le sol, une vague enroulée sur elle-même, toujours constituée de fil blanc. De l’extérieur, de l’intérieur, que l’immersion soit littérale ou spirituelle, physique ou sensible, le travail de Chiaru Shiota est un ravissement de tous les instants, notamment ici, au Bon Marché, lieu pour lequel les œuvres ont été créées.
Pendant plusieurs jours, l’artiste est intervenue à même le centre commercial, tissant et accrochant par centaine ses fils de coton qui, pour la première fois de sa carrière, sont blancs (ils étaient rouges à Venise). Une grande première pour elle, pour nous, pour le lieu et un événement unique qui se savoure jusqu’au 18 février prochain.
Le Bon Marché Rive Gauche
24, rue de Sèvres , 75007 Paris