PRIX DE PHOTOGRAPHIE
MARC LADREIT DE LACHARRIÈRE –
ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS
Exposition du lauréat 2016 Bruno Fert Refuge
20 octobre – 19 novembre 2017
Lauréat du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des beaux-arts 2016 pour son projet Refuge, Bruno Fert expose du 20 octobre au 19 novembre le travail réalisé dans le cadre du Prix tout au long de cette année.
Refuge raconte ce que sont l’exil et la migration. Bruno Fert associe les photographies des habitations des migrants arrivant en Europe à leur témoignage et dans certains cas également à leur portrait. Les photographies des paysages traversés par ces hommes et femmes rythment ce travail réalisé en France, Italie, Grèce et Allemagne sur douze sites – camps, campements ou logements pour migrants. Bruno Fert a partagé le quotidien de ces hommes et femmes qui lui ont ouvert leur tente, cabane ou container. Il a immortalisé ces espaces intimes éphémères pour partie disparus notamment lors du démantèlement de la jungle de Calais. Ces photographies disent l’étonnante capacité de l’humain, qu’il soit nomade ou sédentaire, à habiter le lieu où il vit et mettent en lumière une étape marquante de ces trajectoires de vie toutes singulières.
L’exposition présente une quarantaine de tirages, alternance de diptyques et triptyques ponctués de paysages en couleur de 60 cm x 80 cm. Témoignages et portraits sont des tirages en noir et blanc de plus petit format.
Ce projet a vu le jour grâce à l’ONG Médecins sans frontières.
Refuge
vu par Gabriel Bauret
Extrait du hors-série de la Revue des Deux Mondes consacré au travail de Bruno Fert publié en octobre 2017
Gabriel Bauret est un commissaire d’exposition français indépendant et spécialisé dans la photographie. Il a organisé de nombreuses expositions en France comme à l’étranger, après avoir dirigé jusqu’en 1993 la rédaction de Camera International. Il est entre autres commissaire général de la Biennale des photographes du monde arabe pour la MEP et l’IMA.
« Faire parler les lieux »
Avec sa série « Refuge », Bruno Fert poursuit son œuvre sur les populations marginalisées par l’histoire ; l’histoire passée (« Les absents ») comme l’histoire contemporaine (« Des tentes dans la ville »). Sensible à la question des migrants qui occupe une place grandissante dans le discours politique et les médias, il se rend en 2016 à Calais, notamment pour explorer cette zone que l’on nomme, de façon aussi impropre qu’indigne, la « jungle ». D’emblée se pose à lui le problème du traitement visuel de cette réalité, mais aussi, plus trivialement, des moyens de parvenir à faire des images. Il ne veut pas tomber dans le travers de la photographie- spectacle ni donner une vision qui tendrait à rabaisser la condition de ces hommes fuyant la guerre et la misère avec l’espoir de trouver ailleurs une vie meilleure. Beaucoup de clichés les ont en effet montrés démunis, apeurés, errant en territoire hostile.
Parler de l’humain sans forcément photographier une personne, tel est le paradoxe auquel il souhaite se confronter. Avec l’aide de Médecins sans frontières, il pénètre au sein de cet univers, non sans prendre de risques, et se déplace dans ce qui s’est progressivement transformé en un territoire structuré, avec des commerces, des restaurants et des services. Une économie dans l’économie. Il a l’intuition qu’il faut faire parler les lieux. Les migrants vivent leur situation comme transitoire et acceptent par conséquent une existence matérielle des plus précaires. Mais pour beaucoup, elle s’étire dans le temps, s’éternise. Certains parviennent néanmoins à s’organiser, créer une activité qui génère des revenus ; d’autres s’éduquent, évoluent et quitteront Calais mieux armés qu’à leur arrivée. Bruno Fert gagne la confiance des migrants (grâce à l’aide de l’ONG qui fournit des traducteurs).
Il découvre alors que leur habitat ne ressemble guère à l’idée que l’on pourrait se faire des intérieurs de « bidonville » (pour reprendre un terme qui date de l’époque des actions légendaires de l’abbé Pierre). Même s’il est difficile de parler de confort, on est loin d’imaginer de telles symphonies de couleurs, des espaces personnalisés et qui peuvent comporter des éléments décoratifs. Le photographe a trouvé là son sujet et son fil conducteur : il va documenter ces espaces, choisir un cadrage et un plan qui donneront une unité à l’ensemble des images. La couleur apporte de l’information, souligne une diversité des habitats qui est à l’image de celle des gens qui les occupent. Aujourd’hui la « jungle » n’est plus qu’un souvenir puisqu’elle a été rasée il y a quelques mois sur décision du gouvernement. Les images de Bruno Fert en conservent donc une trace précieuse. Mais également une parole : en marge de sa série de photographies, il a recueilli des témoignages de la bouche même des migrants et auxquels il a chaque fois associé un portrait en noir et blanc.
Bruno Fert est né en 1971. Il étudie à l’Ecole nationale des arts décoratifs, puis à New York où il s’initie à la photographie avec un reportage sur la vie des sans-abris du pont de Brooklyn. Par la suite, il réalise de nombreux sujets au Moyen-Orient et en Afrique dont « Avoir 20 ans en Palestine » (Bourse du Talent en 2002). Admirateur des portraits d’Auguste Sanders comme des paysages de Peter Bialobrzeski, Bruno Fert cherche à révéler des problématiques politiques ou sociales en nous les montrant sous un angle singulier. L’habitat, modeste refuge, logement de fortune ou ruines, revient souvent dans ses séries comme « Les tentes dans la ville » et « Les Absents ». Son travail traite souvent d’identité et de son rapport avec l’espace géographique ou intime. L’humain y est toujours au centre même s’il n’apparaît pas toujours dans ses images.
INFORMATIONS PRATIQUES
Programmes partenaires
L’exposition Refuge fait partie du programme VIP de Paris Photo du 9 au 12 novembre 2017 – Grand Palais
L’exposition Refuge fait également partie de la 6e édition du festival Photo SaintGermain du 3 au 19 novembre 2017
Informations pratiques
Palais de l’Institut de France, 27 quai de Conti, Paris VIe
Du 20 octobre au 19 novembre 2017
Exposition ouverte du mardi au dimanche de 11h à 18h – Entrée libre
Ouverture le samedi 11 novembre