« Rendre l’économie plus accessible et compréhen- sible par tous : telle est l’ambition que la Banque de France porte de longue date. De cette démarche pédagogique, la Cité de l’Économie constitue au- jourd’hui l’un des pointsc d’orgue. Projet muséal unique au cœur de Paris, Citéco a en effet pour objectif de répondre aux questions des visiteurs de tous âges ainsi que d’en susciter de nouvelles, inviter au débat et enrichir les échanges, stimuler la curiosité et ouvrir de nouveaux horizons…
L’enjeu est de taille : aider les visiteurs – et en particulier les plus jeunes – à se familiariser avec les différentes théories économiques et à mieux comprendre les principaux méca- nismes en jeu.
Nous avons souhaité, au travers d’une instal- lation ludo-éducative et d’une muséographie novatrices, mettre notamment à disposition des visiteurs des jeux collectifs et interactifs ainsi qu’une multitude de supports pédago- giques. Espace de rencontres et d’échanges, la Cité dispose de salles d’expositions temporaires et propose cycles de confé- rences, masterclasses, spectacles vivants… Installée au cœur d’un monument histo- rique d’exception, l’hôtel Gaillard, la Cité de l’Économie contribue en outre à la mise en valeur de l’extraordinaire patrimoine français.
La Cité de l’Économie est ainsi l’exemple le plus récent et le plus spectaculaire de l’enga- gement de la banque centrale en faveur d’une démarche pédagogique accessible à tous.
Désignée, en 2016, par le gouvernement, comme opérateur de la stratégie nationale d’éducation économique et financière, la Banque de France a développé de nom- breuses actions pédagogiques au fil des ans, parmi lesquelles un étroit partenariat avec l’Éducation nationale, des associations et synergie avec de grands établissements universitaires, la participation à des mani- festations dans toute la France. Elle est ainsi un partenaire privilégié des Journées de l’Économie, depuis leur création en 2008.
Au cœur de l’Europe, au service des Français, la Banque de France a trois missions princi- pales : la stabilité financière, la stratégie mo- nétaire, les services à l’économie. L’éducation économique et budgétaire des citoyens est à cet égard fondamentale. Afin de renforcer les connaissances économiques de tous et permettre à chacun de prendre des déci- sions financières éclairées. »
LA DEMEURE D’ÉMILE GAILLARD
Un bâtiment « féerique »
Un palais sur la plaine Monceau : L’hôtel Gaillard dresse sa façade place du Général-Catroux et, dans ce XVIIe arron- dissement de Paris où domine la pierre de taille, il se distingue par ses toits élancés et ses fines tourelles surplomblant des murs de briques. Le bâtiment, conçu à la fin du XIXesiècle, surprend toujours par sa radicalité. Il étonna et enchanta ses contemporains qui le qualifièrent de « merveilleux », « magni- fique », « étonnant » et « féerique ». Cette architecture originale avait en effet de quoi surprendre. Elle n’était pas due au hasard et correspondait pleinement au souhait de son commanditaire, Émile Gaillard.
Un quartier sur mesure : En 1878, Émile Gaillard achète deux terrains contigus à la plaine Monceau. Anciennement zone de pâturages et de cultures maraîchères, la plaine s’urbanise à la fin du XIXe siècle ; des hommes d’affaires avisés investissent et y achètent des parcelles pour les revendre. Le quartier a de solides atouts : il est bien desservi par le boulevard Malesherbes et l’avenue de Villiers ; il y a de la place, c’est chic, bourgeois et bien fréquenté, notam- ment par des artistes. Claude Debussy, Sarah Bernhardt y ont leur résidence. Cet environnement convient tout à fait à Émile Gaillard, car tout banquier qu’il est, il n’en est pas moins passionné par l’art. Son habi- tation de la rue Daru étant devenue trop exigüe pour contenir son importante col- lection d’objets d’art du Moyen Âge et de la Renaissance, il confie à l’architecte Jules Février l’édification d’un hôtel particulier.
Sur la parcelle acquise, Émile Gaillard fait édifier sa demeure et, pour rentabiliser son investissement foncier, il fait construire deux hôtels particuliers adjacents, l’un don- nant sur la rue Berger, l’autre sur la rue de Thann. Ils forment ainsi avec l’hôtel Gaillard un U, enserrant une cour destinée aux équi- pages. Ces beaux immeubles de rapport se distinguent du « château » par une architec- ture typique de la fin du XIXe siècle. Les trois ensembles se trouvent aujourd’hui réunis et communiquent. À la différence des hôtels particuliers classiques, l’édifice ne se cache pas derrière un grand porche, l’entrée donne sur rue et non pas sur cour. L’hôtel Gaillard affiche sa magnificence.
Une grande demeure bourgeoise
Le bâtiment témoigne du statut social de son propriétaire et de ses goûts artistiques. Il répond à trois besoins : loger une famille, recevoir avec faste et mettre en valeur une collection exceptionnelle, dans un cadre adapté. Les pièces de service sont situées au rez-de-chaussée. Les appartements pri- vés, à l’entresol, desservis par l’escalier d’honneur comprennent : la salle à manger, quatre chambres et leurs salles de bain. Au1er étage se trouvent les pièces de récep- tion, richement décorées : le petit salon, le grand salon et la galerie de tableaux. C’est là qu’Émile Gaillard présente ses plus belles pièces : faïences de Bernard Palissy, tapisse- ries des Flandres, statues et coffres Renais- sance. Le 2e étage est réservé à son fils aîné, Eugène.
1923, L’HÔTEL GAILLARD DEVIENT UNE BANQUE
Malesherbes : l’emplacement idéal pour une succursale bancaire
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Banque de France poursuit sa politique d’expansion par l’ouverture de succursales. En 1920, elle décide notamment la création de trois bureaux de quartier à Paris : place de la Bastille, boulevard Raspail et place Malesherbes. Depuis la fin du XIXe siècle, le quartier de la plaine Monceau a changé : les familles des grands industriels ont remplacé les artistes qui avaient fait son renom au temps d’Émile Gaillard. Ainsi, les Peugeot, les Breguet, les Guerlain, les Michelin, les Haviland… habitent désormais cet arrondissement bourgeois. De fait, la succursale Malesherbes détiendra les plus gros portefeuilles de titres.
En 1919, la Banque de France fait l’acquisition de l’hôtel Gaillard. Toujours en vente depuis 1904, et n’ayant pas trouvé preneur, l’hôtel Gaillard est bradé, la banque l’achète pour la somme de 2 millions de francs : une affaire, sachant que le coût de construction était estimé à 11 millions. La Banque de France ne se contente pas de la partie « château » et acquiert également l’hô- tel de la rue Berger (où résidera le directeur de la succursale). Quant à l’hôtel de la rue de Thann – qui avait été vendu à l’Union des Femmes de France – il est échangé contre un autre bâtiment situé dans le quartier. Ainsi, c’est l’ensemble de la parcelle Gaillard avec ses trois bâtiments qui devient propriété de la Banque de France.
Des aménagements nécessaires
Transformer ce « château Renaissance » en succursale bancaire nécessite des travaux importants, ils durent 4 ans, de 1919 et 1923. Le chantier est confié à l’architecte Alphonse Defrasse (voir encadré) et au décorateur Jean-Henri Jansen. La Banque n’entend pas se priver de l’originalité du lieu et de son faste, propres à séduire la clientèle. Toute- fois, il ne s’agit plus d’abriter une famille et une collection mais du public, du personnel et des coffres-forts. Le bâtiment doit être fonctionnel et inspirer confiance.
Alphonse Defrasse entreprend les restructu- rations nécessaires : création d’un hall public (que l’on appelle le hall Defrasse), d’une salle des coffres et de locaux administratifs. L’hô- tel de la rue de Thann fusionne avec l’hôtel Gaillard afin de créer de nouvelles salles fonctionnelles.
Les pièces historiques au décor remarquable sont conservées, à l’exception de la galerie de tableaux qui donnait sur la rue de Thann. Le monumental escalier d’honneur desservira désormais les différents services installés dans les anciens appartements et les pièces de réception. Les clients le gravissent pour accéder au bureau de renseignements (ancien petit salon) puis se dirigent vers la galerie des titres pour les opérations boursières, ou dans le hall public où de petits boxes aménagés permettent de s’entretenir avec les employés des différents guichets.
Demeure de banquier puis succursale bancaire, l’histoire de l’hôtel Gaillard le prédestinait à devenir le premier musée interactif européen dédié à l’économie. Pour accueillir les espaces publics et le parcours permanent de Citéco, l’hôtel Gaillard a subi une transformation architecturale et une restauration patrimoniale.
Citéco prend place dans un bâtiment classé, une structure aux volumes disparates qu’il a fallu transformer en une cité culturelle acces- sible à tous les publics, en conformité avec les normes de sécurité et d’accessibilité. En raison de la nature du bâtiment, le projet architectural a été précédé d’une analyse historique et d’une auscultation minutieuse de l’état sanitaire de la façade, des toitures, des planchers, des ouvertures, des menui- series. « Nous avons glissé le projet dans le bâtiment existant », précise Éric Pallot, architecte des Monuments historiques.
Citéco prend place dans un bâtiment classé, une structure aux volumes disparates qu’il a fallu transformer en une cité culturelle acces- sible à tous les publics, en conformité avec les normes de sécurité et d’accessibilité. En raison de la nature du bâtiment, le projet architectural a été précédé d’une analyse historique et d’une auscultation minutieuse de l’état sanitaire de la façade, des toitures, des planchers, des ouvertures, des menui- series. « Nous avons glissé le projet dans le bâtiment existant », précise Éric Pallot, architecte des Monuments historiques.
Une formule qui résume parfaitement la dé- marche ayant présidé à l’élaboration de ce projet complexe, fruit d’une réflexion com- mune avec les Ateliers Lion Associés, man- dataire du groupement lauréat du concours en 2010. « Nous sommes dans une architec- ture néo-Renaissance, ligérienne, un bâti- ment représentatif de l’œuvre de l’architecte Jules Février, qui a été réinterprétée respec- tueusement par Alphonse Defrasse, pour- suit-il. La même démarche nous a animés. Ainsi, Gaillard III est conçu dans le respect de Gaillard I et de Gaillard II. Par ailleurs, nous avons intégré une approche contemporaine, la plus discrète et la moins invasive possible. Une dissimulation qui a demandé un gros travail et un dialogue permanent avec les scénographes. » Gaillard III ne laisse pas de- viner que le système de traitement de l’air est caché dans les mobiliers de la scénographie, que les fenêtres et les vitraux sont dotés de doubles vitrages invisibles, que des portes dans l’esprit néo-Renaissance ont été ajou- tées et que toute la structure a été traitée sur les plans thermique et acoustique.
Trois interventions majeures
Le projet architectural consiste en priorité à faire « respirer » l’hôtel Gaillard : purger l’inté- rieur des îlots, et ainsi rendre visibles les dif- férentes strates architecturales du bâtiment, inonder de lumière l’intérieur de l’édifice et créer une terrasse avec vue sur les toits.
L’interstice entre le bâtiment de Jules Février et le hall bâti par Alphonse Defrasse avait disparu à la suite d’additions en béton. Cet espace a été purgé, dégageant ainsi une cour intérieure et permettant de libérer des
ouvertures qui avaient été obstruées. Proté- gée par une verrière qui épouse les contours du bâtiment, la cour accueille le café et offre également un lieu de passage clé au cœur de l’édifice. La nature composite du bâtiment devient apparente et l’on peut à nouveau ad- mirer les volumes de l’élégante tourelle inté- rieure, qui abritait l’escalier de service. Elle a été entièrement restaurée.
Au niveau des toitures, la création d’un es- pace terrasse destiné aux réceptions et aux expositions temporaires est entièrement vitré afin de découvrir l’architecture des toits d’ori- gine.
Enfin, le rez-de-chaussée a été repensé pour y accueillir, à droite de l’entrée principale, le hall d’accueil. Situé sous la salle de bal et juste au-dessus du nouvel auditorium en sous-sol, ce hall comprend la billetterie et la boutique.
L’excellence au service de Gaillard III
Du sol aux épis de faîtage, la restauration du bâtiment a nécessité l’intervention de nombreux corps de métiers aux savoir-faire reconnus dans le traitement de la pierre, de la brique, du plomb, du zinc, de l’ardoise, du bois, du fer, du stuc… Citons notamment l’entreprise Lefèvre pour la façade, dont une partie des briques a dû être refaite à la même dimension, dans la coloration rouge ou la glaçure noire pour les motifs en losange ; les Ateliers Tollis pour les sculptures, les Ateliers Duchemin pour les vitraux ; Mathieu Lustre- rie pour l’éclairage, ou encore UTB pour les toitures.
INFORMATIONS PRATIQUES – ACCÈS
1, place du Général-Catroux 75017 Paris
Métro :
ligne 2 : stations : Monceau / Villiers ligne 3 : stations : Villiers / Malesherbes
Bus : 94, 30, 31
HORAIRES
Du mardi au dimanche de 10h à 18h Le samedi jusqu’à 19h
Un jeudi par mois jusqu’à 22h
Ouvert les lundis des petites vacances de la zone C, de 10h à 18h
Fermé les 1er mai, 25 décembre, 1er janvier
TARIFS
Plein tarif : 12€ / Tarif 18-25 ans : 9€ / Tarif jeune (6-17 ans) : 6€ / Gratuit pour les moinsde 6 ans
Pass tribu : 29€
Nocturne le premier jeudi du mois – billet soirée valable de 19h à 22h (dernière entrée21h) : 8€
Happy hour du lundi au vendredi à partir de 16h30 (hors vacances scolaires et joursfériés) : 6€ (billet en vente jusqu’à 17h)