Bricolages & Débriscollages
Jean Tinguely
Exposition du 13 septembre au 20 octobre 2019, Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
Du 13 septembre au 20 octobre 2019, la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois rend hommage au génie créateur de Jean Tinguely, artiste majeur du 20e siècle, en présentant un ensemble exceptionnel de sculptures animées ou lumineuses, réalisées dans les années 70.
Après avoir dévoilé les Méta Reliefs et Méta Matics des années 50 en 2012, puis une sélection rare des sculptures dite de « la période des fous » des années 60 en 2016, la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois s’intéresse aux travaux des années 70, décennie qui a vu exploser la couleur, la fantaisie, les projets fous comme le Cyclop de Milly-la-forêt, les processions de carnaval et tant encore.
Tout au long des années 70, Jean Tinguely continue à défier les attentes artistiques. Il démontre sa capacité à surprendre encore et toujours le monde de l’art et le public.
Ses œuvres sont comiques, inventives, rebelles mais surtout amusantes, incitant tous ceux qui les rencontrent à sourire et à rire.
Ses gestes artistiques sont à la fois ridicules et époustouflants par leur inventivité et leur esprit.
En contre point du sérieux qui commence à envelopper l’art contemporain de cette époque, Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle et leurs collègues se distinguent par leur engouement pour la parodie, partageant la même passion du spectacle, du monumental et du subversif.
Les travaux de Tinguely des années 70 semblent particulièrement malicieux et résolus à maintenir l’esprit Dada en vie.
En tant que néo dadaïste, Tinguely reproduit l’un des gestes les plus célèbres de Duchamp : dépouiller un outil de son utilité et le transformer en quelque chose d’autre, comme en témoigne l’œuvre Hommage à Dada-Max (1974), sculpture légère impliquant quatre plumes – rouge, bleue, jaune et verte – attachées à un moteur mécanique de taille-haie.
Tinguely associe des objets à des outils de bricolage – perceuses, clés, marteaux, scies – plaçant ainsi ses sculptures de ferraille sur des piédestaux, imitant le high-art dans un va-et-vient constant entre fonctionnalité et art, les mouvements futiles ne faisant qu’exacerber la plaisanterie.
Dans Miostar No.1, Untitled (Briquolage) et Bosch No.1, Tinguely réunit une perceuse et une roue rotative dans des configurations très diverses.
Lorsque les foreuses commencent à fonctionner, elles déclenchent une rotation absurde et finalement inutile et répétitive de la roue à laquelle elles sont fixées.
Ce procédé maladroit mais amusant indique l’obsolescence ultime de l’objet mécanique. Exposées ensemble, ces œuvres offrent une cacophonie de sons et de mouvements comme un éventail de couleurs exceptionnel.
Tout au long de sa carrière, l’œuvre expérimentale de Tinguely oscille entre vie et art. C’est dans cette optique que Tinguely crée une série de lampes et même de papiers peints, en lien plus direct avec la vie réelle, animant l’espace public par le mouvement, la couleur et la lumière.
Sophistiquées voire théâtrales dans leur présentation, les lampes de Tinguely des années 70 empruntent leur esthétique à ses premières petites sculptures-machines, combinant une variété de pièces métalliques avec des ampoules colorées.
La Lampe Théière (1972), par exemple, imite la forme d’une branche d’arbre transformée en lampe sur pied. La structure métallique devient le support d’une combinaison éclectique d’objets absurdes, parmi lesquels une théière, des plumes, un abat-jour en métal blanc.
Les sept ampoules de différentes couleurs au sommet de l’œuvre offrent un éclairage de type arc-en-ciel.
Une œuvre joyeuse et chromatique, représentative de l’humour, de l’espièglerie subversive et de l’énergie électrique de l’artiste radicalement inventif et controversé.
L’exposition « Bricolages & Débriscollages » proposée par la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois fait référence au titre de l’exposition « Débriscollages », jeu de mots mêlant débris, bricoles et collage, que la Galerie Bischöfberger à Zürich consacra à Tinguely en 1974.
Elle présente plus d’une dizaine d’œuvres inédites – machines néoréalistes, lampes – comme la reproduction, sur un mur de la Galerie, d’un papier peint édité en 1972 à partir d’un de ses dessins pour la légendaire « X-ART Wallpaper Collection » à l’occasion de la Documenta où l’on retrouvait également, parmi les artistes invités, Niki de Saint Phalle et Allen Jones notamment.
Durant toute cette décennie, Tinguely réalise en effet un certain nombre d’esquisses et de dessins de ses sculptures tridimensionnelles, avant et après leur réalisation, chaque fois de manière ludique, en améliorant ou en ajoutant des dimensions supplémentaires à ses œuvres.
L’exposition est accompagnée d’un catalogue richement illustré et préfacé par Kyla McDonald, commissaire de la récente et magnifique rétrospective de Niki de Saint Phalle aux Beaux-Arts de Mons.
Jean Tinguely
Jean Tinguely naît le 22 mai 1925 à Fribourg en Suisse. Après avoir terminé sa scolarité, il commence un apprentissage d’étalagiste dans un grand magasin à Bâle dès 1940, tout en poursuivant des études à l’École des arts appliqués de Bâle de 1941 à 1945.
C’est pendant ces années que l’artiste découvre l’art de Schwitters et de Klee et qu’il se passionne pour le mouvement du Bauhaus.
Jean Tinguely s’installe à Paris en 1953.
Dès 1954, sa première exposition personnelle est organisée à la Galerie Arnaud. Tinguely participe à la Biennale de Paris en 1959, durant laquelle il noue des contacts avec le groupe « ZERO ». Les machines fantaisistes de Jean Tinguely qui comprennent des éléments programmés dus au fruit du hasard et appelés Méta-Matics suscitent toute l’attention du public.
Ces constructions soudées avec des éléments en fer constituent une attaque ironique par rapport à l’ère technique.
Jean Tinguely s’installe avec Niki de Saint-Phalle en 1961. Outre leur relation amoureuse, une étroite collaboration les unit dès lors (depuis le projet Hon à Stockholm en 1966, le Paradis Fantastique en 1967 ou encore le Cyclop, le Jardin des Tarots ou la Fontaine Stravinsky dans les années 70-80).
A New York, l’artiste participe en 1966 à l’exposition « The Machine » au Museum of Modern Art. Un an plus tard, Jean Tinguely est représenté à l’exposition universelle de Montréal avec Niki.
Ses « machines » sont montrées une nouvelle fois en 1968 au Museum of Modern Art à New York dans le cadre de l’exposition « Dada, Surrealism and their Heritage ».
La même année, le Museum of Contemporary Art de Chicago organise la première rétrospective portant sur ses œuvres.
Dès le milieu des années 60, Jean Tinguely jouit d’une reconnaissance internationale, avec notamment la réalisation, à l’invitation du MoMA, de Hommage à NY, sculpture monumentale qui s’auto-détruit dans une explosion créative et qui sera chroniquée dans les plus grands médias américains.
Dès lors, les expositions s’enchaînent dans les musées prescripteurs de l’époque, et des représentations internationales se nouent simultanément avec des galeries telles que Iolas (France, USA), Bischofberger (Suisse), Minami (Tokyo), Staempfli (New York) et Dwan (Los Angeles).
La décennie 70 s’inaugure avec l’anniversaire des 10 ans du Nouveau Réalisme et La Vittoria, énorme sculpture-performance orchestrée par Tinguely sur la Place du Duomo à Milan.
En 1972-73, débute une série de rétrospectives dont le premier volet a lieu à Bâle.
En parallèle, il s’investit sur des projets monumentaux comme Chaos à Columbus, Indiana (1971-1974), le Cyclop (dès 1969, dans la forêt de Milly-la Forêt, pendant près de 10 ans pour la sculpture, et 15 ans de plus pour les collaborations) ou encore le Crocodrome en 1977.
Dans les années 80, Tinguely multiplie les projets de grande ampleur et crée des machines de plus en plus monumentales dont le Luminator, son ultime « Lampe ».
Son énergie demeure intacte même dans les dernières années de sa vie durant lesquelles il enchaîne les manifestations publiques.
Jean Tinguely meurt le 30 août 1991 à Berne.
Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois
Ouverte en 1990, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois a su rallier artistes patrimoniaux et artistes contemporains grâce à des expositions de grande envergure.
La dualité Art Contemporain/Nouveau Réalisme a toujours constitué l’une de ses singularités.
Pour Nathalie et Georges-Philippe Vallois, « l’idée selon laquelle un galeriste peut effectuer un travail comparable avec un jeune artiste et un artiste accompli a toujours été à la base de notre démarche ».
Depuis l’ouverture de la galerie se sont succédées un grand nombre d’expositions personnelles dont la plupart furent les premières dans une galerie française comme celle d’Alain Bublex (1992), Paul McCarthy (1994), Gilles Barbier (1995), Richard Jackson (2001), Henrique Oliveira (2011), Pierre Seinturier (2014), du duo iranien Peybak (2015) ou encore de l’artiste cubain Lázaro Saavedra (2016).
La galerie ouvre un second espace en 2016 au 33 rue de Seine, l’inaugurant avec une exposition autour du projet Pénélope de Hains et Villeglé à l’occasion des 90 ans de ce dernier.
Elle renforce son travail sur le Nouveau Réalisme et les avant-gardes en France dans les années 60s en représentant depuis 2012 les successions de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, en organisant une grande exposition sur les premières œuvres d’Alain Jacquet et en invitant Peter Stämpfli à la rejoindre dès 2017.
En 2017 John DeAndrea, membre fondateur du mouvement Hyperréaliste américain, présente sa première exposition personnelle en France depuis plus de 20 ans.
En novembre 2019, ce sera au tour de son comparse Robert Cottingham de montrer ses œuvres dans les deux espaces, élargissant ainsi l’horizon de la galerie.
La galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois est dirigée depuis 2000 par Marianne Le Métayer.
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois