LES CONTES ÉTRANGES
DE NIELS HANSEN JACOBSEN
Un danois à Paris (1892-1902)
Musée Bourdelle
Exposition du 29 janvier au 31 mai 2020
Cette première exposition en France consacrée à Niels Hansen Jacobsen (1861-1941) invite à une plongée onirique dans l’univers du sculpteur et céramiste danois, contemporain d’Antoine Bourdelle (1861-1929).
Niels Hansen Jacobsen (1861-1941), Masque de l’Automne, vers 1896-1903. Grès émaillé, 26 x 33,5 x 10 cm. Vejen, Vejen Kunstmuseum ©
L’exposition se consacre aux années parisiennes (1892 à 1902), de N.H. Jacobsen, établi à Paris qui est alors, avec Bruxelles et avant la Sécession viennoise, l’une des capitales du premier symbolisme, nourri des échanges et des amitiés nouées entre écrivains, musiciens et artistes venus de l’Europe entière.
L’atelier de Hansen Jacobsen à la Cité Fleurie, boulevard Arago, est le rendez-vous d’un groupe de symbolistes danois et francophiles.
Dans ce « couvent artistique », l’émulation est d’autant plus vive que Hansen Jacobsen a pour voisins d’atelier le céramiste et collectionneur Paul Jeanneney, le sculpteur et céramiste Jean Carriès, l’illustrateur et affichiste Eugène Grasset.
L’œuvre de Hansen Jacobsen est fortement marquée par un goût pour l’étrange, l’ambigu, voire le macabre – une « inquiétante étrangeté », pour reprendre la formule que Sigmund Freud inventera quelques années plus tard.
Ses sculptures renouent avec la mythologie nordique et les légendes scandinaves, avec l’oralité du folklore et le fantastique des contes d’Andersen.
Affranchie des canons de l’académisme comme des conventions du réalisme, cette œuvre singulière est néanmoins inséparable des plus audacieuses recherches plastiques de son temps.
Participant aux manifestations de la Société nationale des beaux-arts et à l’Exposition Universelle de 1900, Hansen Jacobsen est de fait engagé aux côtés de ceux qui ont favorisé l’éclosion de l’Art nouveau et le rayonnement du symbolisme.
Parallèles quoique singulières, les trajectoires de Hansen Jacobsen et de Bourdelle participent toutes deux au rayonnement de ce moment symboliste, dans le sillage de Gustave Moreau et de Paul Gauguin.
Elles s’inscrivent aussi dans la modernité ornementale de l’Art nouveau.
L’exposition donne à voir la genèse et la richesse du langage plastique de N.H. Jacobsen, confrontant un ensemble significatif de plâtres, de bronzes et de céramiques du Danois aux céramiques de Jean Carriès, de Paul Gauguin, de Jeanneney, aux compositions graphiques d’Eugène Grasset, de Carlos Schwabe, d’Odilon Redon, de Frantisek Kupka, aux peintures de Georges de Feure , de Jens Lund, de Gustave Moreau, aux sculptures sataniques de Boleslas Biegas et à une sélection de sculptures, de dessins et de photographies de Bourdelle, lié aux milieux spiritualistes de Montparnasse et à la Rose+Croix.
Dans le laboratoire formel du symbolisme, opératoire des années 1890 aux années 1900, l’exposition rend à Jacobsen la place – essentielle – qui lui revient, quand chaque oeuvre semble parler « à l’âme en secret sa douce langue natale » (Charles Baudelaire, « L’invitation au voyage », Les Fleurs du mal, 1857).
Le musée Bourdelle
© Paris Musées / Photo Benoit Fougeirol
Au cœur de Montparnasse, le musée Bourdelle est l’un des derniers témoignages de ces cités d’artistes parisiennes qui fleurirent à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Bourdelle, sculpteur d’Héraklès archer, créateur des façades du Théâtre des Champs-Elysées y a vécu, créé, enseigné, de 1885 à sa mort en 1929.
Dans l’ensemble d’espaces singuliers et de jardins déployés autour de l’atelier préservé d’Antoine Bourdelle se dévoile la part intime de sa création : études, esquisses, maquettes, tout ce qui participe à l’élaboration de l’oeuvre.
Il réunit une centaine de sculptures, dessins, photographies et documents d’archives avec pour fil directeur, l’esprit de l’atelier, en écho à l’architecture des lieux et aux processus de création montrés à l’oeuvre.