« Depuis toujours, c’est dans les villes que naissent les idées et se bâtissent les civilisations pour s’éteindre et se reconstruire autrement en un cycle sans fin… Les villes sont de pures folies où nos désirs s’inscrivent et accumulent ainsi les traces du temps en d’immenses palimpsestes. Parce que la ville comme trame des cultures est une donnée fondamentale, j’ai voulu, souvent aidée par d’autres, construire petit à petit, lettres après lettres, des murs de sens possibles, comme un grand livre ouvert à travers le monde.»
Après son exposition au Musée du Centre International de la Ville et de l’Architecture (CIVA) de Bruxelles (février/mai 2014), Françoise Schein nous emmène entre Paris et Rio à la galerie 5 Contemporary du 18 septembre au 15 novembre 2014, et nous fait partager le chemin d’une vie. Comme autant de pointillés sur une carte reliant les deux mégalopoles, une vingtaine de pièces nous invitent à partager un voyage à la fois intime et philosophique consacré à la réappropriation du monde par les hommes.
Artiste exposée dans les grands musées et collectionnée dans le monde entier, cartographe, architecte, urbaniste, sculpteur, dessinateur, pédagogue, combattante de l’humanité… outre la personnalité exceptionnelle qu’est l’auteur, l’art de Françoise Schein est tout aussi extraordinaire : chaque pièce est une “inter-relation” signifiante de collages, dessins, peintures, textes, photographies, objets, cut-outs d’acier, lumières… animés en strates dans un langage unique. Avec leurs éléments posés, collés, vissés, qui attirent chacun notre attention sur une carte, un symbole, un concept abstrait, une notion philosophique, un visage, une relation entre plusieurs d’entre eux qui aurait pu rester invisible faute d’être mise en lumière… chaque œuvre est une allégorie, un poème qui met en tension l’humain, questionne sa conduite souvent injuste, relie les hommes entre eux, appelle à notre transcendance et à la réinvention du monde. “Le tout est de mettre le plus de rapports possibles”… disait Cézanne en 1906 : ainsi, on pourrait penser à Kurt Schwitters, John Heartfield ou Ray Johnson, mais plus que cela, tout le travail de Françoise Schein – grandes œuvres urbaines ou petits formats – est un réseau de sens qui fait progresser notre conscience en mouvement. L’émotion est encore plus forte. L’exposition de la rentrée à ne rater sous aucun prétexte.