Après la re-découverte des lieux incontournables du patrimoine culturel français grâce à l’exposition ImagineFrance de la facétieuse photographe Maia Flore, Bercy Village met de nouveau à l’honneur, cet automne, l’imaginaire débordant d’une autre femme artiste, celui de My Little Paradise de Miwa Nishimura.
Ce travail autour de l’Eden miniature de l’artiste, fait allusion à l’innocence de l’enfance et au passage à l’âge adulte, mais aussi et surtout à son propre déracinement géographique. Artiste japonaise, elle a quitté sa terre natale pour venir étudier l’art en France il y a de nombreuses d’années. C’est alors que ce voyage photographique et pictural intérieur a commencé sous la forme d’un « journal ». Au départ, comme l’explique l’artiste, la photographie n’avait pour elle qu’un rôle documentaire mais est vite devenue le médium de prédilection de cette série.
En modifiant l’échelle entre les personnages – des petits clones de l’artiste elle-même – et le décor réel, Miwa Nishimura nous entraîne dans le monde de l’infiniment petit tel qu’il est fantasmé par l’artiste, une promenade haute en couleur, empreinte de féérie et de beauté, quelque part entre Alice au pays des Merveilles et Les Voyages de Gulliver. Mais à y regarder de plus près, l’artiste nous offre à travers ces petites fourmis affairées une vision plus riche et plus proche de nous, franchissant sans cesse la frontière entre l’illusion et la réalité, « pour que la réalité d’origine prenne plus de vivacité et d’éclat », précise l’artiste. « Je pense que l’illusion met davantage en valeur la réalité même », poursuit-elle.
Derrière cette naïveté apparente, l’artiste nous livre en effet une réflexion plus profonde sur notre rapport au monde et notre existence. Elle incite le visiteur à prendre le temps d’examiner les moindres petits détails de ses œuvres, qui font tout l’intérêt de son travail. Elle nous invite à pénétrer l’infiniment petit comme le ferait un botaniste muni d’une loupe. « La loupe du botaniste, c’est l’enfance retrouvée » dit justement Bachelard, car « les enfants regardent grand ». Miwa Nishimura fait ainsi l’éloge de la lenteur et nous invite à séjourner dans ses images pour accéder à un monde nouveau, un monde d’amour où les gens pressés n’entrent pas : voir de près les choses, c’est les aimer.