Avec Chantal Fontvieille, Jean Charasse, Dolorès Marat,
& Daniel Clarke, Christine Crozat, Marie-Anita Gaube
De la recherche de l’unité de l’être profond et du chaos cosmique à la réparation du monde : les artistes proposés par la Galerie Françoise Besson de Lyon ont en commun le rapport conflictuel de l’individu au monde.
Agir sur son environnement, lutter et résister, pour que le monde reste hospitalier et que l’Homme en retire valeur et noblesse.
Ainsi Chantal Fontvieille confronte pureté et réalité violente et destructrice. Ses corps ciblés et criblés acquièrent une harmonie cosmique, offrant un centre à chacun qui déterritorialise les chaos du monde. Trouver la force de se tenir debout pour éclaircir et ordonner la puissante obscurité du monde.
Elle travaille sur le motif de la cible. Déclinées en pierre, béton, plomb, papier, toile, carton, insérées dans des boîtes ou alignées à la suite des autres, les cibles de Chantal Fontvieille ont pratiquement toujours été installées que ce soit seules ou, comme c’est le cas le plus souvent, groupées. La cible, telle que Chantal Fontvieille la crée et la pratique, déplace les lieux, bouscule le monde et habite nos consciences. Elle est performance.
Jean Charasse propose un milieu de la pureté et de la paix qui se projette dans une verticalité constante où se trouvent tranquillité et sérénité silencieuses. Ses sculptures sont un port d’attache, mais aussi les signes d’une direction. Il appartient au courant de l’abstraction géométrique et au mouvement Madi.
Jean Charasse cherche harmonie, pureté, perfection, sobriété architecturale qu’il exprime dans ses constructions en bois. Clarté et lumière contrastent avec l’obscurité ; l’austérité accompagne la radicalité ; les sculptures sont autant de temples structurés, de tabernacles, d’icônes dans une recherche du silencieux, du sacré.
Jean Charasse serait un romantique dont l’angoisse, loin de conduire au désordre et au déchaînement, serait maîtrisée par un ordre rassurant. Un artiste, mais aussi un ingénieur qui mettrait chaque chose bien à sa place. La pureté qu’il recherche a pour objet cette communication entre l’artiste et l’amateur, il bâtit ce que nous imaginons.
Dolorès Marat largue littéralement les amarres et après un tour de la Méditerranée à la rencontre de ses semblables, nous propose ses dernières images de Syrie. Entre photographie argentique et tirage artisanal, elle se libère et découvre le monde.
Pour cette édition 2016 d’Art Paris, La galerie Françoise Besson a choisi de montrer les photographies de monuments en ruines prises en Syrie, il y a une dizaine d’années. Émouvant témoignage, mis en valeur par le tirage Fresson d’une artiste fascinante sur un pays tristement rattrapé par l’actualité..
Christine Crozat décrit la marche de l’homme par ses chaussures et ses jambes, et la difficulté de tenir et d’avancer avec des prothèses. Pureté, souffrance et libération sont intimement liées.
Marie-Anita Gaube crée un monde-passerelle entre l’individu, ses blessures et sa souffrance, et le chaos extérieur. Elle peint l’antichambre d’un lieu qui n’en serait pas un, elle déconstruit le topos pour permettre notre passage à l’aire de l’anticipation et du devenir.
De même, Daniel Clarke simplifie ses personnages pour n’en retenir que l’essentiel, réifiant l’instant et nous proposant la valeur universelle des souvenirs enfouis, de l’espérance, et de la liberté du fantasme.
La galerie propose ainsi six descriptions fondamentales et cohérentes de notre condition et de notre devoir de soigner la chair et réparer le monde.