Création d’un club de mécènes
Maison André Breton, Saint-Cirq Lapopie
SOYEZ SURRÉALISTE, RÉALISEZ L’IMPOSSIBLE… MOBILISEZ-VOUS ET DEVENEZ MÉCÈNES DE LA MAISON !
C’est à Saint-Cirq Lapopie, classé Plus Beaux Villages de France® et élu en 2012 Village préféré des Français que se niche la maison d’André Breton, le fondateur du surréalisme.
L’écrivain découvre au début des années 50 ce somptueux bourg médiéval qui domine les falaises et surplombe la rivière Lot. Il éprouve instantanément un coup de foudre et pense « fouler le paradis terrestre ».
Il dira « J’ai cessé de me désirer ailleurs ». L’année suivante, il acquiert l’une des plus anciennes demeures du village, datée des XIIe et XIIIe siècles, protégée au titre des monuments historiques.
La maison est constituée d’une tour de garde et d’un corps de logis du Moyen-Age, qui servaient de fort aristocratique aux chevaliers du village. C’est dans ce lieu où il passait tous ses étés et recevait ses amis qu’André Breton a rédigé des textes essentiels du surréalisme, crée le célèbre jeu L’un dans l’autre et de nombreux Cadavres exquis.
Il y résidera jusqu’à la veille de son décès en septembre 1966, à l’âge de 70 ans.
En 2016, cinquante ans après la disparition d’André Breton, la municipalité de Saint-Cirq Lapopie acquiert la propriété pour en faire un espace culturel qui mettra en lumière l’œuvre de Breton et le mouvement du surréalisme et l’ouvrir enfin aux passionnés ainsi qu’aux nombreux visiteurs.
La maison, meublée de nombreux objets ayant appartenu au poète (cf liste des objets en fin de document), est restée quasiment dans l’état où il l’avait connue de son vivant.
Cependant la tour menace ruine, et l’ensemble du bâtiment doit être réhabilité en vue de l’accueil du public.
Plus de 600 000 € sont nécessaires à cette restauration d’exception. Aussi, un appel à la générosité publique a été lancé sous l’égide de la Fondation du patrimoine, afin de permettre à tous de devenir mécène de ce lieu incontournable du surréalisme.
Pour faire un don, rendez vous à l’adresse suivante
www.fondation-patrimoine.org/43771
En parallèle, un Club de mécènes mobilisant des entreprises locales est créé afin d’apporter des ressources complémentaires à cette opération patrimoniale emblématique.
A l’issue de la réhabilitation, la Maison André Breton sera reliée par une passerelle au musée départemental Rignault qui la jouxte.
Ce nouvel espace culturel organisera des expositions et des programmations telles celles qui ont déjà lieu hors les murs (Colloque de Cerisy, Journées du Patrimoine, Marché de la Poésie de Paris, Printemps des Poètes, Nuit de la Lecture…).
La Maison André Breton vise à bénéficier du label Maison des Illustres et à rejoindre le Réseau européen des maisons de poésie (MAIPO). Le projet culturel sera mené par la municipalité en collaboration étroite avec l’association La Rose Impossible.
Les dons effectués à la Fondation du patrimoine sont déductibles :
- de l’impôt sur le revenu des personnes physiques à hauteur de 66% du don et dans la limite de 20% du revenu imposable ;
- de l’impôt sur la fortune à hauteur de 75% du don dans la limite de 50.000€ ;
- de l’impôt sur les sociétés, à hauteur de 60% du don, dans la limite de 5% du chiffre d’affaires HT.
BRETON SOUS LE CHARME DE SAINT-CIRQ
André Breton devient Citoyen du monde au fil de ses rencontres et de ses recherches. C’est d’ailleurs ce qui le mènera jusqu’à Saint-Cirq Lapopie en juin 1950.
Aux côtés de son ami Robert Sarrazac, il inaugure à Cahors la première Route mondiale sans frontières.
Une trentaine de kilomètres plus loin, Saint-Cirq Lapopie se mobilise pour accueillir l’une de ces bornes.
La suite, André Breton la raconte à travers le témoignage qu’il laisse sur le livre d’or de l’association Les Amis de Saint-Cirq un an plus tard, alors qu’il a acheté l’ancienne Auberge des mariniers, dans le bas du village :
« C’est au terme de la promenade en voiture qui consacrait, en juin 1950, l’ouverture de la première Route mondiale – seule route de l’espoir – que Saint-Cirq embrasée aux feux de Bengale m’est apparue – comme une rose impossible dans la nuit. Cela dut tenir du coup de foudre si je songe que le matin suivant, je revenais dansla tentation de me poser au cœur de cette fleur : merveille, elle avait cessé de flamber, mais restait intacte. Par-delà bien d’autres sites – d’Amérique, d’Europe – Saint-Cirq a disposé sur moi du seul enchantement : celui qui fixe à tout jamais. J’ai cessé de me désirer ailleurs. Je crois que le secret de sa poésie s’apparente à celui de certaines illuminations de Rimbaud, qu’il est le produit du plus rare équilibre dans la plus parfaite dénivellation des plans. L’énumération de ses autres ressources est très loin d’épuiser ce secret… Chaque jour au réveil, il me semble ouvrir la fenêtre sur les très riches heures, non seulement de l’Art, mais de la nature et de la Vie. »
(3 septembre 1951).
LA VIE D’ANDRÉ BRETON DANS SA MAISON DE SAINT-CIRQ
« La métamorphose d’un homme réel, qui mène une vie réelle dans une ville de pierres. Pour moi, je continuerai à habiter dans ma maison de verre, où l’on peut voir à toute heure qui vient me rendre visite, où tout ce qui est suspendu aux plafonds et aux murs tient comme par enchantement, où je repose la nuit sur un lit de verre aux draps de verre, où qui je suis m’apparaitra tôt ou tard gravé au diamant. »
Aux côtés de sa femme Elisa, André Breton passe tous les étés dans sa maison de Saint-Cirq où il reçoit ses amis, parmi les plus grands artistes de la seconde moitié du XXe siècle : Ernst et son épouse Dorothéa Tanning, Cartier Bresson, Peret, Toyen , Wolfgang Paalen, Lam, Man Ray, Braüner, Duchamp, Schuster, Ferré et Gréco viennent le rejoindre au Paradis.
Tous ensemble ils réinventent des jeux surréalistes lors d’apéritifs fortement arrosés de rhum blanc, ou consacrent leurs après-midi à la recherche d’agates aux formes étranges sur les rives du Lot.
Un témoin du village, alors enfant, raconte ses chasses aux papillons sur les bords des chemins avec ces drôles de poètes et plasticiens.
Un vieux brocanteur d’une commune proche se rappelle aussi de leurs virées en voitures à la recherche d’objets insolites.
Une voisine assure avoir pris goût à la lecture grâce à André Breton qui la gardait à côté de son bureau avec quelques livres, en l’interrogeant à l’occasion pendant que sa grand-mère lavandière ramassait le linge des Saint Cirquois qu’elle lavait près de l’écluse…
A cette légende dorée s’ajoute quelques faits plus bizarres qui vaudront à la communauté d’artistes de ce petit Saint-Tropez lotois une réputation parfois sulfureuse dans la région.
Ce fut bien sûr l’affaire des peintures rupestres de la grotte du Pech Merle à Cabrerets, qui valurent à Breton une publicité nationale de saccageur du patrimoine, pour avoir voulu vérifier de lui-même au toucher l’authenticité d’un dessin préhistorique :
bagarre avec le guide, procès à Cahors, pétition signée par Camus et intervention de Malraux. L’affaire fit grand bruit.
L’ancienne marchande de tabac du bourg, la célèbre Mado, se rappelle d’un original qui fumait la pipe et se déplaçait toujours avec un perroquet sur l’épaule.
Mais « rien de bien méchant » dit-elle, « lui et ses invités se sont toujours montrés très courtois avec les gens du village ». Alors histoires à dormir debout?
Ou plutôt à « être enterré debout » comme le fabulait un guide avant l’existence de l’actuel Office du tourisme, à propos du manque de place dans le cimetière ! Étrangement Breton n’avait-il pas demandé dans un de ses textes de « se faire inhumer debout enfermé dans une horloge » !
Encore un effet de l’influence surréaliste sur le Lot.
C’est ici même qu’auraient été inventées les premières performances d’art contemporain lors d’un mémorable repas d’écrevisses, versées avec leur sauce sur la tête du poète Jean Benoît au début des années 60. Ou bien encore les manifestations de Land Art avec la peintre californienne Marie Wilson.
« On a rêvé d’un lieu sans âge, d’où l’on puisse jouir d’un regard panoramique sur tout ce qui se découvre et en même temps se dire. L’imaginaire c’est ce qui tend à devenir réel. Tout ce que j’ai fait et tout ce que je n’ai pas encore fait je vous le donne. »
INFORMATIONS PRATIQUES:
Fondation du patrimoine
23-25 rue Charles Fourier, 75013 PARIS
Tel : 01 53 67 76 00
Fax : 01 40 70 11 70