Edgar Sarin
Du 31 mars au 20 juillet 2017
à Paris
Avec Un minuit que jamais le regard, là, ne trouble, Edgar Sarin propose une expérience sensible et inédite structurée autour de seize interventions dans l’espace d’exposition.
Après avoir mis en scène dans l’ancienne sacristie un « espace essentiel » composé de sculptures, Edgar Sarin reviendra chaque semaine, même jour, même heure, s’y enfermer avec un échantillon de population qu’il aura sélectionné, afin de jouer à huis clos ce qu’il nomme les minuits : des chorégraphies ritualisées liant des êtres, des sculptures et de la musique.
Ces minuits – que jamais le regard, là, ne trouble – se feront portes closes, isolées des spectateurs.
Chaque semaine, ces derniers pourront ainsi découvrir les traces successives et les évolutions laissées par les minuits, sentir la chaleur des corps et de leur mécanique captée et restituée par l’ancienne sacristie.
C’est en le laissant libre d’imaginer qu’Edgar Sarin permet à son public de s’approprier son œuvre et au delà, de la prolonger ; certains paramètres de sa création resteront donc inaccessibles afin de favoriser un mouvement de spéculation — d’appropriation — susceptible de compléter intimement l’œuvre.
Déployée pendant seize semaines, cette exposition en évolution permanente sera ouverte à partir du 31 mars au Collège des Bernardins. Edgar Sarin (né à Marseille en 1989) est le cinquième artiste programmé par le commissaire invité au Collège des Bernardins Gaël Charbau.
TROIS QUESTIONS À EDGAR SARIN
« Il n’y a pas d’artiste, il n’y a que des hommes… »
Gaël Charbau : Le projet d’exposition que vous proposez au Collège des Bernardins est particulier, puisque vous sollicitez l’imagination des spectateurs afin qu’ils complètent, reconstituent et mettent en relation les objets, traces et indices que vous reconfigurez chaque semaine dans la sacristie… Pourquoi choisir un tel dispositif spatial et temporel ?
Edgar Sarin : Je crois n’avoir fait qu’écouter ce que ce lieu avait à dire, l’enceinte parle d’elle-même (ndlr : elle était la sacristie d’une église, aujourd’hui disparue, jouxtant le Collège des Bernardins) — un lieu de coulisses et d’initiés, où les prêtres se préparent pour célébrer les cérémonies liturgiques et où sont entreposés les objets qui servent à l’office.
Par ailleurs, dans une institution telle que le Collège des Bernardins, il m’était primordial de concevoir une ossature absorbant l’aléatoire et se renouvelant au fil des semaines ; un espace de réflexion donc, plutôt qu’un espace de contemplation
GC : Vous n’avez pas une formation classique dans le champ de l’art contemporain, puisque vous êtes diplômé d’une école d’ingénieur… Est-ce que ce parcours vous amène à penser différemment votre rôle d’artiste aujourd’hui ?
ES : Je crois qu’il n’y a pas d’artiste et qu’il n’y a que des hommes. Je m’efforce, alors, de comprendre ce qu’être un homme signifie et catalyse cette effervescence sous un système de contrainte de prime apparence harmonieuse et non scientifique.
Cela m’apparaît cependant telle une démarche vitale et naturelle : celle d’un homme candide recherchant la solution d’un problème qu’il ne comprend pas lui-même.
GC : Les titres que vous choisissez, et plus généralement le langage en lui-même jouent un rôle important dans votre œuvre. Est-ce à nouveau une façon d’impliquer l’imaginaire des spectateurs en faisant avant tout surgir des images par les mots avant de nous inviter à découvrir vos pièces ?
ES : Chacune de mes entreprises est ce que j’appelle « un corps » et fonctionne comme tel : le travail plastique est présenté dans l’environnement qui l’a fait naître — d’où la notion de « destinataire » qui va, quelque part, plus loin que le spectateur seul.
Chaque travail est donc une unité de sens, de lieu et de temps ; cela comprend naturellement une littérature, qui ne peut être prise hors du corps. Dans cette opération, les procédures sont par ailleurs appelées des minuits, et se feront à l’ombre du spectateur ; et puisque notre langue est toujours plus belle au singulier cela se traduit par : Un minuit que jamais le regard, là, ne trouble.
Informations pratiques :
Entrée libre.
Adresse : 20 rue de Poissy – 75005 Paris
Lundi au samedi de 10h à 18h
Dimanche et les jours fériés de 14h à 18h.
Tél. : 01 53 10 74 44