Elizabeth Garouste Fantaisie
Exposition du 20 janvier au 16 mars 2018
Designer reconnue depuis plus de 30 ans sur la scène internationale, Elizabeth Garouste dévoile ses récentes fantaisies à la Granville Gallery du 20 janvier au 16 mars 2018. Elle y présente un ensemble de pièces uniques aux médiums et matériaux divers : des vases à l’air bonhomme, des miroirs, des lampes à poser, des bougeoirs mais aussi un guéridon en terre cuite, une chaise tapissée d’un soleil et de nombreux bas-reliefs minutieusement réalisés à l’encre et à la gouache sur résine. Un ensemble facétieux à découvrir et emporter … comme on recueille au matin un morceau de rêve, une parcelle d’éternité.
Derrière la silhouette élégante et l’air lunaire d’Elizabeth Garouste se cachent mille et un mondes. Un tohu-bohu d’ombres et de chimères où la fantasmagorie prospère. « Designer émérite », « Architecte et décoratrice d’exception », « Grande Dame » … la louange sied à l’ancienne complice de Mattia Bonetti comme un vêtement sur-mesure, un velours qui tombe juste. Il est vrai qu’elle n’a que 30 ans quand, début 80, elle endosse en duo l’habit lourd à porter du « Renouveau des arts décoratifs ». À peine arrivée, elle imprime son empreinte dans le mobilier au point de faire aussitôt partie des meubles ; de ce paysage domestique où beaucoup s’enferment quand elle saura toujours prendre la clé des champs. « Je me sens plus créatrice que designer, rappelle-t-elle sans relâche. Le design est étroitement lié à des matériaux contemporains et à la fonction alors que j’explore – de manière plus artisanale – une veine narrative, en quête d’un langage poétique. »
Depuis quelques années, c’est dans le dessin qu’Elizabeth élargit ses horizons. Crayon en main, elle trace, croque et griffe. Filant sur le fil en funambule, elle débobine des figures éberluées, plante un théâtre de créatures outrées et ouvertement sexuées. Une jungle d’oiseaux, de tubéreuses et de rhizomes, de poissons et de fantômes. À la nuit tombée, « comme d’autres tricotent », elle ouvre, dans la plus stricte intimité, sa boîte de Pandore. Entre rêveries éveillées et vie rêvée, elle laisse ses songes prendre corps. « La vie rêvée, c’est avec un V majuscule ajouté comme un matricule au pyjama d’un somnambule », écrivait David Rochline, ce frère trop vite envolé.
D’abord tenus secrets, les dessins du soir d’Elizabeth Garouste ont fini par quitter les tiroirs pour gagner les cimaises. Puis ils se sont propagés sur le plâtre et la terre. Sur le métal aussi, qu’elle travaille en fin de semaine dans l’atelier de son mari, le peintre Gérard Garouste. « Au fil du temps, les deux univers sont devenus poreux, raconte Elizabeth, mes dessins se sont échappés de leur prison de papier pour recouvrir mes créations. » Normal, il y a quelque chose de viral dans cette production qui, d’abord marginale, confine aujourd’hui à l’œuvre totale. On pense aux encres de Gaston Chaissac, on pense encore à l’Hourloupe de Jean Dubuffet quand le blanc et le noir recouvrent candélabres et miroirs. Plus obscur, cet univers se mêle aux fantaisies de toujours, au baroque, au Barbare. Bref, Elizabeth Garouste glisse dare-dare vers l’art brut sans pour autant renier ses amours anciennes, tout ce qui l’a forgée.
Designer emblématique des années 80, Elizabeth Garouste évolue tout d’abord entre aménagement de décors et d’intérieurs et conception de mobiliers ou d’objets fabriques industriellement. Passionnée par les arts décoratifs, Elizabeth Garouste fait ses armes à l’École Camondo. En 1980, elle réalise avec son mari le peintre Gérard Garouste, la décoration du Privilège, le restaurant du Palace. Elle crée l’année suivante les costumes et les décors de la pièce de théâtre « On loge la nuit » de Gérard de Nerval, mise en scène par Jean-Michel Ribes au Studio des Champs-Élysées à Paris. Elle est également l’auteur du mobilier du Théâtre Royal de Namur en Belgique. Elizabeth Garouste crée, dans le même temps, de nombreux aménagements et des mobiliers pour une clientèle privée dans le monde entier comme les appartements privés de S.A.S Princesse Von Thurn und Taxis au Château de Regensburg, ou encore l’aménagement du château de Boisgeloup pour Bernard Picasso. Elizabeth Garouste collabore avec Christian Lacroix comme avec Nina Ricci et Ricard.
La liberté de création d’Elizabeth Garouste est saluée par de nombreux musées et centres d’art et a fait l’objet de plusieurs commandes publiques. En 1994, la ville de Quimper lui commande une passerelle que lui commande pour célébrer le poète et romancier Max Jacob. Elle se voit confier la décoration du bureau du Premier ministre Jean Pierre Raffarin. La ville de Montpellier lui confie en 2000 et 2006 le design de ses deux premières lignes de tramway ainsi que le mobilier urbain de ses stations. Elle a également la charge de la décoration des boutiques de Christian Louboutin à Paris et Moscou … avant de se consacrer exclusivement à l’art.
Une reconnaissance internationale. Dès les années 1980, Élizabeth Garouste développe un univers iconique aux matériaux inattendus, édité par les galeries Avant-scène, En attendant les Barbares, Mouvement Moderne et la Granville Gallery notamment. Son travail a fait l’objet de nombreuses présentations dans les plus grandes galeries et musées, en France comme à l’international : chez le décorateur Jansen rue Royale à Paris, chez Ralph Pucci et à la Twentieth Century à New York, dans les galeries Shisheido à Tokyo, chez Néotu à Paris et New York, David Gill à Londres, à la Fondation Hydra en Grèce, au Centre Georges Pompidou à Paris, aux musées des Arts décoratifs de Bordeaux et de Paris, à la Biennale de Venise, au Salon de Bâle, au Grand-Hornu et à La Maison particulière en Belgique, au Kunstmuseum Dusseldörf im Ehrenhof, ou encore au Victoria Albert Museum London, aux galeries parisiennes Polad-Hardouin et Kréo, …
Élizabeth Garouste a été honorée de plusieurs récompenses. En 1991, elle est élue Créatrice de l’année au Salon du Meuble, avant de recevoir en 1992 l’Oscar de l’emballage pour « Le teint de Nina Ricci », collaboration qui se poursuivra par la création d’une ligne de cosmétiques et de flacons pour la maison de haute couture. En 1993, Élisabeth Garouste reçoit le Trophée des femmes en or.
Le travail d’Elizabeth fait l’objet de plusieurs expositions à la Granville Gallery et a été présenté à la foire de Bâle en 2013. Ce qu’Élizabeth Garouste y présente en ce début d’année 2018 synthétise sa galaxie. Catherine Melotte et Jean-Pierre Bruaire – avec lesquels elle collabore depuis des années – lui ont commandé de nouvelles créations : de nouveaux secrets du champ artistique qu’Élizabeth Garouste déploie depuis quelques années.
Informations pratiques
23 rue du Départ
75014 PARIS
Métro Montparnasse
Parking au 10 rue du Départ
Tel. : 01 43 22 41 94
Horaires : la galerie est ouverte du mercredi au samedi de 15h à 19h et sur rendez-vous.