EXPOSITION
BEATRICE MINDA : DARK WHISPERS
17 juin – 3 septembre 2017
Dans une exposition entièrement consacrée à Beatrice Minda, le Goethe-Institut de Paris présente la série Dark Whispers. Au cœur du travail photographique de l’artiste, les intérieurs privés pris dans le contexte d’événements historiques.
Les photographies saisissent des mondes en train de disparaître lentement. À l’intérieur de maisons anciennes et toujours habitées, Minda explore les traces de vie et de changements historiques. Ses clichés captent pour ainsi dire le temps « sauvegardé » dans ces espaces.
Déjà dans les séries Iran. Interrupted et Innenwelt (photographies en Roumanie), Beatrice Minda s’est intéressée à des pays et civilisations isolés pendant longtemps.
En Extrême-Orient, la Birmanie (Myanmar), à laquelle Minda se consacre dans son dernier ouvrage Dark Whispers, fut de même confinée durant des décennies sous le joug d’une dictature militaire. Restés cachés, les intérieurs privés témoignent des expériences individuelles et collectives dans l’histoire complexe de ce pays.
Au fil de la colonisation par les Anglais, le pays a vu arriver de nombreux colons, commerçants, mains d’œuvre et aventuriers. Des autochtones aisés tentèrent également leur chance dans des régions nouvellement exploitées ; ils cultivèrent des champs de riz et des plantations de caoutchouc ou se lancèrent dans le commerce de bois de teck.
L’exploitation coloniale dopa les investissements, apporta le progrès et la richesse pour certains, ce dont attestent encore les maisons toujours conservées du début du XXe siècle.
Le regard photographique de l’artiste n’occulte pas les aspects contradictoires de l’époque coloniale et de ses conséquences. Ses travaux mettent l’accent sur l’atmosphère de ces vies écoulées et sur les formes de représentation dans lesquelles les habitants cherchèrent à l’époque à se réaliser. Souvent, il s’agit d’objets qui n’ont pas été touchés des décennies durant et qui témoignent d’un monde disparu.
Toutefois, entre hier et aujourd’hui, un fossé reste béant. Un vide inquiétant habite ces lieux. De sombres chuchotements y résonnent – un memento mori, rappelant les aspects passés sous silence de l’histoire birmane.
Jadis maisons de maître majestueuses, si bon nombre d’entre elles ont « survécu » aux troubles politiques, à de nombreux conflits ethniques ainsi qu’à la dictature militaire, c’est en raison de leur emplacement dans des régions difficilement accessibles. Elles sont témoins d’adaptation et de soumission, tout comme de retrait et de survie.
Mais depuis l’ouverture politique et économique de la Birmanie (Myanmar) en 2011, des investissements déferlent à grande vitesse sur le pays. Tout est placé sous le signe d’une braderie économique à tout-va.
Dans ce contexte, la plupart de ces témoins délabrés de la colonisation sont victimes des conséquences de ces bouleversements politiques et économiques récents.
Informations pratiques
17 avenue d’Iéna, 75116 Paris
Entré
Du lundi au vendredi de 9h à 21h et samedi de 9h à 14h