Dominique Lacloche / URPFLANZE
Musée International de l’Émeraude, Bogota
Jusqu’au 31 mai 2017
À l’occasion de l’année France-Colombie 2017, le Musée International de l’Émeraude accueille jusqu’au 31.05.17 URPFLANZE, une exposition de l’artiste française Dominique Lacloche, présentée dans la salle des Émeraudes du musée.
Après GURU, qui s’est tenue en septembre 2015 dans ses espaces du Haut Marais et de l’avenue George V, c’est la deuxième collaboration avec l’artiste.
Cette exposition s’inscrit pour la première fois dans le cadre d’une programmation Hors les Murs.
La galerie Loo & Lou, qui fêtera ses 2 ans en juin prochain, continue ainsi son développement avec l’objectif de poursuivre son engagement auprès des artistes qu’elle défend depuis sa création.
La première idée était de mettre en équation la photosynthèse avec la photographie analogique (la lumière étant l’agent transformateur).
L’artiste trouve alors la technique pour révéler des photographies argentiques directement sur les feuilles géantes elles-mêmes, créant ainsi la première « feuille image ».
«Je commence à prendre conscience de la forme essentielle avec laquelle la nature joue toujours, et dont elle produit sa grande variété. » Johann Wolfgang Von Goethe
Peu de temps avant que Johann Wolfgang Von Goethe ait publié « The Metamorphosis of Plants » en 1790, il s’engage dans un échange épistolaire avec Charlotte Von Stein dans lequel il décrit la plante archétype, ou l’Urpflanze.
Il pensait que cette entité existait. Sinon, comment pourrait-il reconnaitre que telle ou telle forme soit une plante si elle n’était pas construite sur un seul modèle de base ?
Ses recherches l’ont mené dans de nombreux endroits, jusqu’aux collines rocheuses dans la région Méditerranéenne. Mais il s’est finalement rendu compte que la plante archétype était vraiment une FEUILLE, et que les forces génératives d’une plante n’étaient simplement que des fluctuations de la forme de base de la feuille.
C’est devenu le travail fondamental de Dominique Lacloche et l’Urpfanze de Goethe vient lui confirmer une intuition déjà présente.
L’idée qu’un organisme par métamorphose soit capable d’adopter toutes les formes que notre imagination puisse invoquer l’intéresse beaucoup.
La feuille de Gunnera est un matériau premier pour de nombreuses expérimentations : en sculpture d’abord et conceptuellement ensuite. Ce matériau a servi Dominique Lacloche dans l’élaboration d’œuvres qui utilisent des modèles organiques de développement, tels que le montage vidéo et la composition sonore.
Cette feuille de Gunnera ne pourrait-elle pas, alors, être une manifestation de l’Urpflanze ? Ainsi le concept clairvoyant de Goethe de la plante primordiale qui pourrait débloquer le potentiel de toute forme future, laisse l’artiste libre d’inventer des correspondances et de superposer des ressemblances qui s’entremêlent ou s’écartent pour en créer de nouvelles.
Pour le Musée International de l’Émeraude, l’artiste propose une mise en scène imposante de ce rhizome jurassique, découpant l’espace d’exposition en un labyrinthe de fractales géantes, confrontant le spectateur au monumental ainsi qu’au détail de la fibre.