HISTOIRE DE CORPS – LE NU DANS L’ŒUVRE D’ALBERTO GIACOMETTI – 22 juin – 6 novembre 2019
Visite presse de l’exposition, vendredi 21 juin de 11h à 13h.
Privilégiant une approche thématique, l’exposition curieusement inédite, révèle la diversité et l’originalité du traitement des figures nues dans l’œuvre d’Alberto Giacometti.
Dans ses sculptures, comme dans ses peintures, l’artiste s’est concentré durant toute sa carrière sur un motif quasi-unique : la représentationde l’être humain, et en particulier le nu féminin, qu’il considérait comme la raison d’être du geste artistique.
HISTOIRE DE CORPS – LE NU DANS L’ŒUVRE D’ALBERTO GIACOMETTI
22 juin – 6 novembre 2019
Visite presse de l’exposition, vendredi 21 juin de 11h à 13h.
Privilégiant une approche thématique, l’exposition curieusement inédite, révèle la diversité et l’originalité du traitement des figures nues dans l’œuvre d’Alberto Giacometti.
Dans ses sculptures, comme dans ses peintures, l’artiste s’est concentré durant toute sa carrière sur un motif quasi-unique : la représentationde l’être humain, et en particulier le nu féminin, qu’il considérait comme la raison d’être du geste artistique.
Le catalogue co-édité par la Fondation Giacometti, Paris et FAGE éditions, bilingue français/anglais, richement illustré,accompagne l’exposition.
Cet ouvrage qui comporte des textes d’auteurs inédits, se concentre sur les figures du nu féminin pour lesquels l’artistecherche à établir un nouveau canon de représentation.
Commissaire : Catherine GrenierCommissaire associée : Michèle KiefferScénographie : Eric Morin
AUTOUR DE L’EXPOSITION – Les visites guidées de l’Institut
Pour les individuels :
Visite par un médiateur comprenant la reconstitution de l’atelier et l’exposition temporaire.
Durée : 1h
Tarifs : 15 €, 11,50 €, 9,50 €
Pour les familles : |
BIOGRAPHIE – ALBERTO GIACOMETTI (1901-1966)
Né en 1901 à Stampa, en Suisse, Alberto Giacometti est le fils
de Giovanni Giacometti, peintre postimpressionniste renommé.C’est dans l’atelier paternel qu’il est initié à l’art et qu’il réalise
à 14 ans, ses premières œuvres : une Nature morte aux pommes,peinte à l’huile et un buste sculpté de son frère Diego. En 1922,Giacometti part étudier à Paris et entre à l’Académie de la Grande- Chaumière, où il suit les cours du sculpteur Antoine Bourdelle.
A cette époque, il dessine d’après modèle et s’intéresse aux œuvres avant-gardistes, notamment post-cubistes.
En 1929, il commence une série de femmes plates, qui le fait remarquer par le milieu artistique. En 1930, Giacometti adhère
au mouvement surréaliste d’André Breton. En 1934 -1935, il créé une figure féminine emblématique, L’Objet invisible, dont le premier titre est Main tenant le vide. Dès 1935, il prend ses distances avec le groupe surréaliste et se dédie intensément à la question de la figure humaine, qui sera pendant toute sa vie un sujet central de recherche.
Après avoir passé les années de guerre en Suisse, de retour à Paris, il reprend les recherches sur la figure humaine. Ses modèles favoris sont ceux qui vivent à ses côtés : Annette, qu’il épouse en 1949, et Diego, son frère. Travaillant d’après nature, il vise à restituer le modèle tel qu’il le voit, dans son aspect toujours changeant. D’autres fois, ce sont ses figures anonymes, placées sur des socles qui les isolent du sol, ou inscrites dans des « cages » histoire de corps dessinent un espace virtuel. En 1958, il est invité à soumettre un projet pour la place de la Chase Manhattan Bank de New York.
Il choisit de reprendre en grande taille les trois motifs qui hantentson œuvre depuis 1948 : une figure féminine debout, un hommequi marche et une tête. Finalement, le monument ne sera pas installé à New York, mais à la Biennale de Venise en 1962, où il remporte le grand prix de la sculpture.
Après les grands succès de ses rétrospectives de Zurich, Bâle, Londres et New York, Alberto Giacometti s’éteint en janvier 1966 à l’hôpital de Coire, en Suisse.
Catalogue bilingue, richement illustré de photographiesd’archives et comprenant des textes d’auteurs inédits, l’ouvrage offre un nouveau regard le nu féminin
dans l’œuvre d’Alberto Giacometti.
Co-édité par la Fondation Giacometti, Paris et FAGE éditions, Lyon 112 pages. Bilingue français / anglais
Prix public : 24 €.
EXTRAITS DE TEXTES DU CATALOGUE
L’énigme de la figure nue Catherine Grenier(…) Initié dès son plus jeune âge à l’histoire de l’art par les ouvrages de la bibliothèque paternelle et doté d’une forte mémoire visuelle, l’artiste a mémorisé un très large catalogue d’images qu’il enrichira tout au long de sa vie. Plus tard, il témoignera de la façon originale dont toutes ces références s’actualisent dans son esprit, jusqu’à annuler tout sentiment de différence temporelle. « Tout l’art du passé, de toutes les époques, de toutes les civilisations surgit devant moi, tout est simultané, comme si l’espace prenait la place du temps. » Les classifications académiques et la hiérarchie qui les organise n’ont donc pas plus de sens pour lui que n’en a la vision téléologique de l’art. Giacometti, concentre l’essentiel de son œuvre sur le Portrait et le Nu. (…)
Ce choix traduit sa certitude que le principe fondamental de l’art (et en particulier de la sculpture) est la représentation de l’humain – la représentation, dans son vocabulaire, étant inextricablement lié à la notion de compréhension. «La sculpture n’est pas, pour moi, un bel objet mais un moyen pourtâcher de comprendre un peu mieux ce que je vois, pour tâcher de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et m’émerveille dans n’importe quelle tête. » De fait, sa sculpture se concentre sur un nombre très réduit de sujets, tous associés à la représentation humaine : la tête, le buste, la figure en pied, marchant, assise. Même dans les œuvres de la période surréaliste,qui échappent au schéma de la représentation et confinentparfois à l’abstraction, la référence au corps humain est centrale.
Ce corps humain, Giacometti n’en cherche ni la diversité des formes, ni l’expressivité des postures. Après l’abandon du surréalisme et le retour à la figuration, la réduction et la répétition sont les caractéristiques les plus évidentes de son travail. Réduction des typologies, des modèles et des poses tout d’abord. Toutes les figures féminines debout sont nues. Toutes celles qui sont réalisées d’après nature le sont d’après un modèle unique, sa femme Annette. Les autres, beaucoup plus abstraites, sont inspirées de l’histoire de l’art.
Toutes, qu’elles soient exécutées d’après modèle ou non, ont la même attitude : immobiles, hiératiques, les bras serrés le long du corps et les pieds englués dans un socle massif. Les sculptures réalisées durant les séances de pose se succèdent comme les multiples déclinaisons d’une même représentation, l’artiste cherchant jour après jour à enregistrer les variations de son regard. La répétition du même n’est cependant pas la duplication à l’identique. « Le jouroù l’on arriverait à comprendre totalement une certaine chose, on pourrait la refaire. Mais cela est impossible, parce que cette chose et moi sommes pris dans le mouvement et la mutation continuelle de la vie, qui ne peuvent être immobilisés. C’est une condition enmême temps angoissante et joyeuse, surtout joyeuse. J’ai l’illusion d’avancer tous les jours, d’être chaque soir un peu plus avancé que ce que j’étais le matin. Donc chaque jour je vois différemment, je voisplus richement, donc le monde devient à mes yeux plusextraordinaire et plus intéressant » (…).
Corps multiples – Philippe Büttner
Quand Giacometti retravaillait et retravaillait encore un nu,qu’il soit sculpté ou peint, il le faisait moins pour montrer ce nu que pour rendre visible sa perception de celui-ci. Parfois, ilchoisissait de mettre en évidence l’oscillation même de saperception entre une forme et une autre. Un exemple pris parmi ses sculptures concerne l’ensemble de nus féminins le plus important de l’œuvre de Giacometti : les fameuses Femmes de Venise de 1956.
Cet ensemble contenait initialement au moins onze plâtres, dont plusieurs ont été peints au pinceau par l’artiste. Giacometti,qui travaillait ici sans modèle, a créé ces célèbres sculptures en quelques semaines de travail intense.
En tant qu’ensemble, ces sculptures forment donc une visionsimultanée des variantes de la perception du nu par Giacometti.(…).
Le corps féminin, une inépuisable source d’inspiration – Michèle Kieffer
Rares sont les artistes modernes à ne pas s’être intéressés au genre du Nu, et Alberto Giacometti n’y fait pas exception. Lecorps féminin est en effet particulièrement présent dans l’œuvre de l’artiste, connu du grand public principalement pour sessculptures de femmes allongées et filiformes. Sa représentation de la silhouette féminine, en peinture et dessin, est néanmoins beaucoup plus variée et connaît une évolution considérable tout au long des nombreuses phases artistiques que Giacomettitraverse au cours des années. (…).
(…)
Annette Giacometti est son principal modèle, mais n’est pas laseule à poser pour l’artiste. Il travaille parfois avec des modèles professionnels, mais c’est surtout la rencontre de CarolineTamagno en 1958 qui fait apparaître une nouvelle femme trèsprésente dans la vie de l’artiste. Il n’existe qu’un buste sculpté deCaroline, mais Giacometti crée d’innombrables dessins et faitposer sa maitresse pour une série de tableaux. Étonnamment,elle n’y est jamais représentée nue, mais habillée et assise dans l’atelier.
Le corps d’Annette est reconnaissable aussi dans les quatre trèsgrandes sculptures qu’il réalise à la fin de sa vie. Travaillant sur une commande à l’initiative de l’architecte Gordon Bunshaft etde son galeriste Pierre Matisse pour la Chase Manhattan Bank à New York, Giacometti se lance dans la conception de trois sculptures pour une place publique : une grande tête, un homme qui marche et une femme debout.
Les recherches pour ce projet provoquent un importantsentiment d’insatisfaction chez le sculpteur, notamment en raison de l’impossibilité de visualiser les trois œuvres dans l’espace.
Le projet sera finalement abandonné mais les plâtres créés pourl’occasion ne sont pas perdus et sont conservés comme desœuvres indépendantes.
Giacometti sculpte à cette occasion quatre femmes de taille monumentale, entre 247 et 283 cm. Comme les Femmes de Venise, les Grandes femmes ont une pose hiératique, les bras placés le long du corps et les pieds ancrés dans un socle, leursformes étant accentuées à l’extrême jusqu’à devenir presquecaricaturales. Dans ces figures immobiles et élancées comme des arbres, la tension du corps remplace l’intensité de lareprésentation du mouvement.
L’institut Giacometti est un lieu consacré à l’exposition, la recherche en histoire de l’art et la pédagogie. Il est présidé parCatherine Grenier, directrice de la Fondation Giacometti depuis 2014. Musée à taille humaine, permettant une proximité avec lesœuvres, l’Institut Giacometti est à la fois un espace d’expositions, un lieu de référence pour l’œuvre de Giacometti, un centre de recherche en histoire de l’art dédié aux pratiques artistiquesmodernes (1900 – 1970) et un lieu de découvertes accessible àtout public. Il présente de manière permanente l’atelier d’Alberto Giacometti, dont l’ensemble des éléments a été conservé par saveuve, Annette Giacometti. Parmi ceux-ci, des œuvres en plâtre et terre très fragiles, dont certaines n’avaient jamais été montréesau public, son mobilier et les murs peints par l’artiste. L’InstitutGiacometti a pour ambition de renouveler le regard sur l’œuvre de l’artiste et sur la période créatrice dans laquelle il s’inscrit. Le programme de recherche et d’enseignement est ouvert aux chercheurs, étudiants et amateurs. Conférences, colloques et master-class donnent la parole à des historiens d’art et conservateurs qui présentent leurs travaux et l’actualité de larecherche.