Exposition « Le vent souffle où il veut » jusqu’au 20 Mai à la Galerie Françoise Besson
La Galerie Françoise Besson invite sept artistes à investir ses murs dans le cadre d’une exposition qui dépasse l’évènement manifeste de même que l’image instantanée d’une production artistique marquée par un courant.
Aucune innocence, cependant, dans la sélection des artistes qui ont accepté cette invitation ; sept affirmations de visions de peintres : Marion Charlet, Claire Chauvel, Marion Davout, Marie-Anita Gaube, Marine Joatton, Florence Reymond et Lise Roussel.
Sept femmes peintres. Ce choix, pleinement assumé, ne répond pas à un questionnement militant.
Ce chapitre non clos a connu depuis les années 60 et 70 avec Martha Rosler ou Judy Chicago, puis Rosemarie Trockel et Agnès Thurnauer des développements qui depuis longtemps ont installé l’idée d’un dépassement de la geste féministe.
Ce qui rassemble ici est d’un autre ordre, même s’il n’est pas interdit de le relier au fait que cela vient de femmes : à savoir une propension peut-être plus grande à se remettre en question, à prendre des risques, à porter une attention aux autres artistes, alliant curiosité et plaisir dans l’approfondissement.
Une sensibilité particulière, peut-être plus soutenue que celle des hommes et vivifiée par le doute, ferment vital du renouvellement artistique.
Outre les pratiques autour du médium peinture, sont communes à ces artistes les aptitudes à percer la part obscure de ce qui nous entoure.
Comme des regards déclencheurs d’espaces où les temporalités se mêlent et parfois se juxtaposent.
Les propositions sont diverses, certaines montrent des paysages dans lesquels rien n’est stable, comme de possibles ruines anticipées.
Des visions injectées de futur : des peintures en suspension, elles ne dévoilent rien de la catastrophe mais elles sont l’œil qui pourrait la voir. à l’instar du tableau de Paul Klee, Angelus Novus, 1920, rebaptisé l’Ange de l’histoire, par Walter Benjamin. D’autres peintures ont recours à la figure humaine.
La mémoire et le temps s’allient dans l’expression d’une réalité vivante, sans doute enfouie et qui ne demande qu’à resurgir dans le heurt des temporalités : synchronisation ou accélération du temps.
Comme le dit Adorno, l’art, « magie libérée du mensonge d’être vérité », ne donne pas forcément du sens. Parfois, les espaces confinent à l’abstraction.
C’est le lieu des métamorphoses, rien de trop exprimé : des peintures qui ne figent pas le monde. La modernité se distingue par le refus des correspondances avec un modèle préétabli et limité.
A la répétition, elle préfère l’inachevé ou le fragment, sans craindre d’engendrer envie ou frustration. C’est un univers d’analogies ouvert et infini.
Les artistes dialoguent entre elles/eux. Dans chaque forme, il y a le fantôme d’une autre forme.
Et l’on sait que toute œuvre est la reprise à un point donné, la réponse ou la conséquence d’une autre. Pour ajuster son style à ce qui doit être dit, la méthode dans le parcours proposé ici reprend celle utilisée au début du Neveu de Rameau de Diderot : les pensées vagabondent suivant leur bon plaisir, sans direction précise, et font advenir l’élément primordial de la pensée elle-même.
Liberté de l’esprit qui souffle où il veut. Volonté de laisser libre cours aux images, non pour établir leur pouvoir, mais avec l’ambition de faire des tableaux des objets rayonnants, ou selon l’expression de David Hockney, des irradiations.
Informations pratiques
Galerie Françoise Besson
10 rue de Crimée
69001 Lyon