La Galerie LJ est heureuse de recevoir
L’exposition « Pink, Green, Blue & Black »
De Jessica Harrison
Du 2 juin au 29 juillet 2016
La Galerie LJ est heureuse de recevoir la 2e exposition personnelle de Jessica Harrison à Paris, après le succès de sa 1ère exposition chez nous en 2014 et le succès actuel de «Ceramix» à la Maison Rouge, dont l’une de ses figurines tatouées en porcelaine est à l’affiche. Cette nouvelle exposition à la galerie présente le résultat de 3 mois de résidence que Jessica Harrison a réalisée fin 2015 au réputé EKWC, centre d’art dédié à la céramique aux Pays-Bas. Là-bas, elle a étudié la fabrication de la porcelaine et a expérimenté diverses sortes de glaçures et de modelage.
« Pink, Green, Blue & Black » est le titre du nouvel ensemble de 4 séries d’oeuvres que Harrison a produit au EKWC, qui pousse plus avant ses recherches actuelles sur la relation entre la vue et le toucher, les mécaniques de perception et les erreurs d’interprétations.
Elle explore ainsi la physicalité de la céramique et l’espace entre « faire » et « voir » les objets, créant un ensemble complexe d’erreurs et de défauts volontaires mesurés, fabriqués à partir d’une accumulation d’observations imparfaites.
La première série, « Things from the V&A » reconstitue la collection éclectique des vases et récipients du Victoria & Albert Museum, Londres, qu’elle a reproduite avec la technique sommaire du modelage à la main à base de boudins de pâte de porcelaine et de porcelaine à cendre d’os (un type de porcelaine composé d’un minimum de 30 % de cendre d’os désagrégée, d’où le nom anglo-saxon de « Bone China »).
Les formes grossières obtenues par un modelage rapide, parfois au point de s’effondrer, contrastent avec le matériau utilisé, la porcelaine, synonyme d’une lisse préciosité. Harrison a travaillé à partir d’images de la collection du V&A glânées dans des livres ou sur Google.
Les défauts devenus apparents au cours du modelage ont été ignorés ou au contraire, encouragés : bien qu’il s’agisse d’une façon totalement inappropriée pour recréer les objets originaux ayant servis de modèles, la vitesse et les gestes sans restreinte employés pour recréer ces pièces sont des éléments cruciaux du travail de l’artiste, où le processus créatif, fait d’imperfections et d’erreurs, devient un médium en soit.
Ainsi chaque vase devient un objet performatif sur duquel on peut « lire » comment, via les inflexions visibles sur le matériau, ils ont été créés, et à quels stades il a fallu que l’artiste fasse une pause afin d’éviter que l’argile ne s’effondre.
La deuxième série, « Bone China Figures », poursuit cette reconstitution grossière modelée à la main de modèles existants en porcelaine, cette fois-ci de figurines produites à échelle industrielle par des fabricants tels que Royal Doulton ou Coalport, typiquement anglais, représentations idéalisées de la femme dans des poses et costumes d’un autre temps.
A distance, ces figurines faites à la main dans un camaïeu de roses rappellent en effet la silhouette de ces décorations populaires de cheminées. Cependant alors qu’on s’en approche, la façon rapide et sommaire avec laquelle elles ont été modelées se révèlent dans leur pose grossièrement formée.
Les deux dernières de ces nouvelles séries d’oeuvres réutilisent quant à elles ces figurines originales, une pratique pour laquelle Jessica Harrison est plus connue.
Consciente de cette association entre son travail et ces figurines, elle a souhaité mettre ces objets à contribution dans cette phase plus expérimentale de son travail, explorant les possibilités de la céramique.
Ici l’artiste s’est inspirée de la série de céramiques naufragées ensevelies par des centaines d’années passées sous la mer qui sont exposées au Victoria & Albert Museum, et a transposé le concept à des figurines qu’elle a vernies couche sur couche de glaçure jusqu’à leur recréer comme des épidermes épais fusionnant avec les objets qui se trouvent en dessous.
Les sculptures gardent cette posture et leur volumineux costume caractéristique, mais sont étouffées sous des croûtes organiques qui leur sont étrangères, servant de conclusion à point nommé pour cette exposition consacrée à l’exploration de la céramique comme matériau.