En à peine 18 mois, la Galerie Thierry Bigaignon a su trouver sa place sur le marché de l’art, et plus particulièrement sur le marché très convoité de la photographie, qui plus est à Paris qui y tient encore une place prépondérante. Alors qu’il lui aura fallu moins d’un an pour dépasser allègrement la barre fatidique des cent premières pièces vendues, Thierry Bigaignon n’en finit pas de bousculer les codes.
Une galerie innovante à tous les étages ! D’avoir installé sa galerie au premier étage d’un hôtel particulier dans le Marais était déjà un pari risqué mais ses résultats commerciaux tendent à prouver qu’il n’avait pas eu totalement tort.
C’est que Thierry Bigaignon n’aime pas faire les choses comme les autres ! Les visiteurs le remarquent et ses clients lui témoignent sans cesse leur assentiment. En entrant dans la galerie on le ressent en effet instantanément. On y trouve des iPads installés pour illustrer son catalogue mais aussi pour dématérialiser le bon vieux livre d’or, le tout connecté à ses bases de données.
Nous sommes par ailleurs frappés par l’accueil personnalisé qui est réservé à chaque visiteur (rare de nos jours !) ou par ce plafond noir qui permet de créer une sorte de cocon propice à la découverte des oeuvres qu’il propose.
L’attention qu’il porte à la scénographie, à la qualité des encadrements, ou encore, nous dit-on, le soin infini qu’il met dans ses vernissages privés (véritables performances réservées exclusivement à ses clients) constituent sans doute quelques unes de ses marques de fabrique. Son fonctionnement interne (basé notamment sur le zéro papier), son site internet (intégralement en anglais) et ses relatons-clients (le galeriste livre personnellement chacun de ses clients partout dans le monde) ne sont pas en reste d’innovations, car l’innovation et l’expérience client sont, semble-t-il, au coeur de la stratégie de ce quadragénaire ambitieux et passionné.
Post-Scriptum ou le reflet d’une programmation ambitieuse
Sa programmation est tout aussi surprenante ! Du maître Ralph Gibson à la toute jeune Vittoria Gerardi, du désormais célèbre Harold Feinstein au talentueux Renato D’agostin, en passant par les français Alain Cornu et Catherine Balet, sa liste d’artistes semble pour le moins éclectique. À la question récurrente de savoir quelle est la ligne de la galerie, il décide depuis le premier jour de ne pas répondre et de laisser les œuvres parler pour lui.
Mais on peut rapidement comprendre les quelques notions qui guident ses choix, les grands thèmes qui l’intéressent et certaines des idées qui l’animent : « surprendre en dévoilant l’inattendu, bousculer en plaçant l’oxymore au centre de la programmation et interroger en jouant des temporalités ».
Et c’est pour l’illustrer qu’il met en vente dès le mois de décembre le premier numéro de son catalogue annuel : Post-scriptum. Un coffret collector qui regroupe ses cinq premières expositions de juin 2016 à mai 2017 en cinq livrets indépendants qui reproduisent chaque exposition fidèlement, en y ajoutant quelques pièces bonus. Et Thierry Bigaignon d’ajouter : « La première année de la galerie aura été marquée par cinq expositions, de nombreux coups de cœur, mais également des choix forts et des risques assumés.
Il était donc naturel pour moi de coucher sur le papier la mémoire de ces expositions.
Post-Scriptum est un ouvrage hors du commun limité à 162 exemplaires (la galerie ayant été inaugurée le 162ème jour de l’année 2016) ! ».
Cet ouvrage est co-produit par the(M) éditions, une maison d’édition nouvelle génération dirigée par Marie Sepchat, qui, à l’instar de la Galerie Thierry Bigaignon, entend se démarquer et s’affirmer comme un acteur premium sur un marché réputé difficile. Collectors Confidential, un nouveau marché en ligne de mire.
Mais Thierry Bigaignon entend aller encore plus loin. Il se prépare donc à lancer début 2018, ce qu’il appelle sa « réponse à l’essor du marché en ligne » auquel il compte bien participer. Sous l’appellation, Collectors Confidential, il s’apprête donc à lancer sa propre plateforme internet, à contre-courant de tout ce qui se fait depuis une décennie. Thierry Bigaignon raconte : « Il y a des oeuvres que l’on ne vous montre jamais. Ce sont les pièces que les artistes gardent pour eux, celles qui n’entrent dans aucune série ou encore mes propres coups de coeur dénichés lors de visites d’ateliers. Ce sont de véritables pépites, des pièces uniques, des photographies inédites qui méritent d’être mises dans de bonnes mains.
Mais pour ce faire, il faut à tout prix éviter la logique des plateformes habituelles de vente
d’oeuvres d’art en ligne qui ont vocation à devenir des supermarchés de l’art. »
Le site Collectors Confidential aura donc sa propre logique, avec une inscription gratuite mais obligatoire qui permettra aux seuls membres de voir ces pièces uniques, ou devrions-nous dire cette pièce unique, puisque le site ne présentera qu’une seule pièce à la fois ! Lorsque l’oeuvre sera vendue elle sera remplacée par une autre, sans limite de temps. L’amateur d’art ou le collectionneur averti qui lorgne sur une photographie en particulier devra donc se décider rapidement au risque de voir partir l’oeuvre qu’il convoitait !
2018, l’année de tous les défis
Avec le catalogue Post-scriptum, la plateforme Collectors Confidential, mais aussi la signature de deux nouveaux artistes, Thomas Paquet et Yannig Hedel, ou encore la préparation avec le photographe américain Ralph Gibson d’une exposition « encore confidentielle mais unique en son genre » nous promet-on, l’année 2018 sera donc chargée pour la Galerie Thiery Bigaignon et son dirigeant.
Mais 2018 pourrait bien être également marquée par une première levée de fonds dont le processus a déjà débuté. Il s’agira alors pour l’entrepreneur d’asseoir le développement de sa galerie sur des bases solides, et lui permettre de frapper plus fort, de viser plus haut et d’aller plus loin.
Exposition en cours : « Empire of Dust » d’Amélie Labourdette, jusqu’au 23 décembre 2017.
Prochaine exposition : Fragments #1 de Thomas Paquet, du 25 janvier au 10 mars 2018.