Dans son travail documentaire et artistique, The Crossing (La traversée) réalisé entre 2009 et 2017, Katrin Koenning dénonce une nature australienne meurtrie dans laquelle l’empreinte de l’homme est gravée dans tout ce qu’il a touché: l’eau, la terre, l’air. Katrin a initié la série The Crossing à l’issue de réformes entreprises par le gouvernement Australien en 2015 ne favorisant
pas un développement qui soit à la fois économique et écologique.
Elle porte son regard sur des sites naturels à la croisée du fantastique et du mythe. Ses photographies font l’effet d’une quête, d’une traversée où l’objectif croise des figures emblématiques d’une nature en pleine alerte. Katrin Koenning communique avec les ténèbres de façon magistrale et fait poindre la lumière comme une offrande, une espérance.
C’est dans cette atmosphère obscure et intrigante que la nature australienne se révèle aux yeux du visiteur. Avec poésie et intimité, la photographe s’interroge sur une nouvelle écologie possible. Adoptant une approche immersive et spontanée, la photographe dresse le portrait de l’environnement qui l’entoure. La nature est plurielle, elle englobe autant la faune, la flore, l’homme, à la fois présents et évanescents.
En contraste avec des clichés majoritairement en noir et blanc, certaines vues assument la couleur. Ces photographies colorées glorifient la beauté de paysages naturels tout en soulignant leur fragilité. Les sujets échappent à notre regard et sont pour certains difficilement reconnaissables. Le point de rupture entre l’homme et la nature se manifeste de façon latente. Comme Katrin l’explique la nature est montrée sous divers états : en disparition, en adaptation et en transition.
The Crossing, le passage ou la traversée, nous invite à cette réflexion. Une exposition proposée et organisée par Di Mezzo, entreprise mécène. Première exposition de Katrin Koenning en France, au Cloître ouvert, à Paris. Repérée par Clarisse Russel au festival Circulation(s) 2017, le travail de Katrin Koenning a également été un coup de cœur pour Stéphanie Guizol, fondatrice de Di Mezzo. Sa vision autant intime que grandiose invite à une rencontre mystique et à une réflexion tangible sur le monde et l’homme.
La photographie est le medium parfait à la fois documentaire et artistique pour inviter à ce voyage visuel et poétique. Le choix d’une majorité de petits formats invite le spectateur à se rapprocher des œuvres et à entrer dans leur intimité. La série The Crossing s’inscrit avec justesse au Cloître ouvert des Dominicains, lieu où la nature et la dimension spirituelle sont préservées par l’homme. L’architecture, entre modernité et tradition, est lumineuse et calme. Dans un monde en perpétuel mouvement, le Cloître ouvert invite à la pause et à la contemplation. Son style épuré laisse volontairement à la création et aux artistes
régulièrement exposés.
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