Deux ans après le succès de “Graphein”, la galerie Christian Berst présente une nouvelle exposition monographique consacrée à cet artiste brut américain présent dans les collections du Moma et qui enregistre inlassablement, comme un sismographe, les secousses de l’âme.
Dan Miller superpose des couches considérables d’écriture – lettres, figures, mots jusqu’à l’illisible. Sa création acharnée a tant fasciné le public qu’il est l’un des premiers artistes d’art brut à être entré dans les collections permanentes du MOMA, à New-York, en 2008.
Bien que cette oeuvre soit formellement très contemporaine, entrant notamment en résonance avec le travail de Pollock et de Cy Twombly, c’est néanmoins hors du débat artistique que Miller invente ses modes d’expression.
Né à Castro Valley en 1961, Dan Miller souffre d’une forme d’autisme profond. Depuis plus de 15 ans il fréquente le Creative Growth Art Center d’Oakland (Californie), comme le faisait Judith Scott – dont les “cocons” ont été exposés en 2011, sur une idée de Jean de Loisy, au collège des Bernardins, à Paris.
Obsédé par des objets comme des ampoules ou des douilles électriques, par des noms de villes, de gens, par des chiffres, par la nourriture, il décline son monde intérieur en répétant, exalté, sur le papier, les signifiants qui s’y rapportent. Peinture, stylo, crayon, feutre, à l’instar des mots, différents matériaux se chevauchent, créant de subtiles strates chargées d’une force graphique incontestable.
Récemment, il s’est même approprié une vieille machine à écrire avec laquelle, retenant par moments le papier, il met à jour son procédé en surimprimant les caractères.
Ces créations portent en elles un dynamisme rare, une rage d’expression qui semble raviver – au-delà du cryptage lexical que provoque l’accumulation – le corps de la lettre, la force expressive des mots.
C’est l’illustration parfaite du graphein grec, à la fois écriture et peinture.
Une oeuvre qui fascine les artistes, puisque Cindy Sherman, Maurizio Cattelan ou David Byrne comptent parmi ses fidèles collectionneurs.
À découvrir du 25 avril au 17 mai 2014
3-5, passage des gravilliers
75003 paris – france