Cette nouvelle exposition sur le thème de l’écriture automatique, présente une sélection d’œuvres en noir et blanc issues de différentes séries réalisées au cours des trois dernières années.
Guidé par une gestuelle rapide quasi métronomique, Tanc établit un lien direct entre le geste et l’écriture, dans un processus de répétition de signes indéchiffrables qui surgissent spontanément de son esprit. Ces signes sont l’expression plastique du rythme, de la syntaxe, et du débit des jaillissements de son inconscient. Ils scandent la toile et s’inscrivent dans un système plus global, sorte de cartographie imaginaire d’un nouveau territoire du langage, illisible au sens littéral mais ouvrant un nouveau champ de compréhension.
TANC, Sans titre, 2015,135×195 cm, acrylique, encre et laque sur toile
A l’âge où l’on récite les poèmes de Paul Eluard, Tanc cherche à noyer son ennui au lycée en noircissant les pages de son cahier d’écolier d’écritures automatiques aussi belles qu’indéchiffrables.
Plus tard, le graffiti l’initie au travail plastique et devient l’art dans lequel il s’illustre et qui façonne son style : prépondérance d’une peinture d’action, précision du geste, recherche sur la matière, utilisation de l’aléa…
L’écriture répétitive de son ‘‘blaze’’ TANC le mène au début des années 2000 à la peinture abstraite. Il se concentre alors sur un travail d’atelier et se démarque des graffeurs traditionnels à travers une production artistique essentiellement basée sur le trait, fruit d’une recherche sur la synthèse de son nom et de ses tags.
Imprégné de ses voyages en Afrique du Nord où il étudie les formes de la langue arabe et en Asie, où il s’intéresse aux idéogrammes, il décide de consacrer plusieurs séries de tableaux à l’écriture automatique pratiquée depuis l’adolescence. Dans cette recherche, il est très inspiré par l’œuvre picturale d’Henri Michaux et ses expériences sous mescaline.
L’acte d’écriture s’apparente chez Tanc à une performance où il parvient à ce qu’il nomme lui-même ‘’l’état de l’artiste’’, proche d’un état méditatif. Le geste devient alors si spontané qu’il se fait l’oscillographe de son rythme intérieur. ‘’Je peins avec les battements de mon cœur’’ indique-t-il. Réalisant ses œuvres a fresco, sur de la peinture fraiche, il est soumis à la contrainte du temps et peint toujours d’une seule traite.
Sa gestuelle s’apparente alors à une danse devant la toile ou à une sorte de pratique d’un art martial à la fois zen et énergétique, qui le pousse dans ses retranchements physiques.
Les œuvres présentées dans l’exposition témoignent de la richesse et de la diversité de sa palette graphique. Tanc endosse le trait comme une seconde peau, spectateur de sa propre main. Le geste est libre et laisse jaillir la forme sans se laisser conditionner au résultat : lettres alphabétiques, idéogrammes, traits, boucles ou tous autres ‘’corps dansants’’ s’accrochent et se répètent avec leurs embellissements, leurs emballements, leurs ralentissements sur cette ‘’portée musicale’’.
Sur certaines toiles, l’artiste a peint en grattant dans la première couche de peinture et ses écritures évoquent alors les inscriptions dans la pierre des premiers scribes, en conférant à l’œuvre un caractère presque sacré.
Passés les premiers réflexes de lecture dans une tentative vaine de décryptage, l’œil peut alors se perdre dans les profondeurs de la toile et suivre les méandres de ces écritures.
Informations pratiques :
LOO & LOU GALLERY – GEORGE V
45, avenue George V, Paris 8ème, métro George V (ligne 1)
T. +33 1 53 75 40 13
Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h,
Le samedi ouvert sur rendez-vous
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