Jean Paul Riopelle
Œuvres sur papier
Exposition du 14 avril au 30 juin
Galerie Maeght 42 rue du Bac, 75007 Paris
Mardi au Samedi 9h30 / 19h, lundi 10h / 18h
Du 14 avril au 30 juin, la Galerie Maeght invite à découvrir un ensemble d’œuvres de l’artiste Jean Paul Riopelle.
Une soixantaine de dessins, collages, pastels, gouaches sur papier, fusains et gravures, réalisés entre 1965 et 1978, témoignent de la polyvalence de l’artiste canadien qui a su continuellement réinventer sa pratique artistique. Cet ensemble sélectionné par Isabelle Maeght permet d’apprécier un aspect moins connu du travail de l’artiste.
Une œuvre multiforme éprise de liberté. Jean Paul Riopelle a tour à tour privilégié l’abstraction ou la figuration avec la même intense vitalité. Célébré dès les années 50 pour ses majestueuses mosaïques peintes à la spatule de telle façon qu’elles rappellent un paysage vu des airs, Riopelle diversifie ses moyens d’expression dès les années 60.
Employant des techniques et des matériaux de plus en plus variés, il pratique aussi bien l’encre sur papier, l’aquarelle, le pastel, la lithographie, la gravure réhaussée que le collage. La technique permet de rebondir, d’aller plus loin écrit-il au sujet de la gravure. Grâce à Adrien Maeght et à ses ateliers, j’ai pu expérimenter des techniques – gravure, lithographie et plus tard céramique et lave émaillée – auxquelles j’avais été fermé jusqu’alors , écrit Riopelle qu’une solide amitié lie à la famille Maeght.
C’est en 1947 que naît leur complicité, quand Aimé Maeght l’expose pour la première fois au sein de la grande exposition collective du Surréalisme présentée par André Breton et Marcel Duchamp. En 1966, Riopelle rejoint la Galerie Maeght où il sera régulièrement exposé, réalisant pour chaque exposition des lithographies originales pour la collection Derrière le Miroir.
La richesse de l’œuvre de Jean Paul Riopelle tient ainsi des passages d’une technique à une autre. Les collages en offrent un bel exemple. Riopelle brasse, plie, déchire, découpe des feuilles et éléments lithographiés, les assemble, les colle, les agrafe sur toile. Son geste est précis, vif, empli de spontanéité et de fougue. Le chaos devient ordre, rayonnement, respiration.
Riopelle accentue la coupure, le fractionnement de la surface plutôt que de la faire disparaître et de la camoufler. Crayons feutres et bombes aux couleurs criardes se fondent les uns aux autres : l’or et l’argent entrecroisent le blanc, le bleu répond.
Les découpes révèlent la lumière et les mystères que l’artiste cherche à transcrire. Riopelle grand dessinateur revisite son bestiaire oies, hiboux, homard, singe, éléphant, puce, pour mieux retrouver l’influence de l’art populaire et des masques amérindiens et inuits.
La plénitude de la nature portée à un degré d’effervescence. Grand amoureux de la nature, chasseur passionné, Riopelle est un grand observateur de ses palpitations. Sa grammaire de formes emprunte aux étendues neigeuses, aux forêts, aux enchevêtrements de branches, aux paysages noirs et blancs insoupçonnés, aux chutes d’eau, aux brumes matinales.
Ses œuvres sur papier sont traversées de lignes serpentines, parfois presque descriptives, évoquant des configurations proches de la nature. La série de dessins Le Roi de Thulé révèle ainsi la façon dont un motif pénètre son vocabulaire pictural. Éclaboussures, lourds contours noirs et lignes de pastel soutiennent l’image et évoquent un vieil arbre coupé, sa souche, l’écorce.
À propos de Jean Paul Riopelle (1923-2002).
Passionné de dessin depuis l’enfance, Riopelle entre à l’école Polytechnique de Montréal avant de rejoindre les cours de l’Académie des beaux-arts et d’étudier le design à l’école du meuble de Montréal. Il réalise ses premières œuvres abstraites au contact de Paul-Émile Borduas, à la pointe de l’avant-garde et se joint au groupe des Automatistes.
En 1947, il fait la connaissance en France d’un grand nombre d’artistes, écrivains et marchants d’arts comme Max Ernst, Zao Wou-Ki, Samuel Beckett, Antonin Artaud et André Breton. Il y signe le texte de « rupture inaugurale » des Surréalistes qui inspirera la rédaction du « Refus Global » par les Automatistes un an plus tard à Montréal.
Le bouillonnement de la vie parisienne fait écho à l’ébullition créatrice du jeune peintre qui expérimente tour à tour des techniques très variées allant de la peinture appliquée au pinceau, à l’empâtement de couches de matières, de la projection de filaments de peinture à l’application au couteau.
Fin 1952, son style « mosaïque » se précise. Sa réputation s’affirme en France comme au Québec. Il participe à de nombreuses expositions collectives ou personnelles. Les très grands formats apparaissent.
Dès 1956, ses huiles changent de facture. Son style est plus libre, la surface est plus modelée. Les premières gouaches apparaissent et servent de prétexte à de nouvelles expérimentations. Riopelle recommence à modeler des sculptures. Il réalise des encres sur papier d’un caractère nouveau, s’initie à la technique du pastel, compose ses premières techniques mixtes et représentations figuratives.
En 1966, Riopelle entre à la Galerie Maeght qui présentera son travail dans six expositions. Il se passionne pour la lithographie et la gravure au sein de l’imprimerie ARTE-Adrien Maeght. De nombreux livres de bibliophilie sont publiés chez Maeght éditeur : Parler de corde et une monographie textes de Pierre Schneider en 1972, Le Sablier et Lied à Émile Nelligan en 1979, Unearth, texte de Paul Auster en 1980.
En 1990, la Fondation Maeght lui consacre une exposition rétrospective. Il crée un grand nombre de collages avec les essais lithographiques. Il explore des thèmes de plus en plus variés. La représentation animale et la nature sous forme symbolique viennent hanter sa peinture et ouvre la voie de la figuration.
De 1980 à 1992, la bombe aérosol remplace définitivement le pinceau et le couteau ; le peintre explore aussi de nouveaux médiums : céramique et lave émaillée.
Fin 1989, il retourne définitivement au Canada où il meurt en 2002.