La Galerie Françoise Besson à Lyon présente Vérifier l’Arcadie de Guillaume Robert à Fotofever.
La Galerie Françoise Besson
Depuis 2009 la galerie promeut la jeune création artistique contemporaine sur la scène française et internationale. Elle défend les multiples formes que la peinture prend aujourd’hui et les ouvre à d’autres pratiques comme le dessin, la vidéo, la photographie ou encore les installations. C’est sa deuxième participation à Fotofever.
Guillaume Robert
Né en 1975, Guillaume Robert vit et travaille dans la Loire. Artiste plasticien, vidéaste, photographe… Il présente entre autres à Fotofever sa récente série Vérifier l’Arcadie, odyssée rurale où se mêlent documentaire et fiction.
Last Leaves / Projet Angola, 2010 © Guillaume Robert
Le projet Vérifier l’Arcadie
Vérifier l’Arcadie c’est vérifier l’écart entre le mythe de l’Arcadie et la réalité du territoire de la région administrative Arcadie (Péloponnèse).
C’est, d’une certaine façon, rééditer le dispositif mis en place par Nicolas Poussin dans Et in arcadia ego.
Il ne s’agira pas de vérifier ici que la mort est aussi en Arcadie mais de prendre la mesure de l’impact (social, économique, écologique…) de la crise grecque dans les paysages de cette région, et mettre en regard cet impact avec les paysages idéalisés ou les activités de l’Arcadie mythique (pastoralisme, transhumance).
Nous chercherons donc à nous situer sur une horizontale (une ligne « de tout temps») qui vient rencontrer une ligne verticale (le contexte contemporain).
Vérifier l’Arcadie met en place un dispositif performatif et visuel qui s’activera dans des paysages.
Il consiste, simultanément à la présence d’une ou des deux lignes précédemment décrites, en l’installation d’un atelier mobile autonome de couture et d’un campement (voiture, tentes, mobiliers de travail, machines à coudre).
Cette activité développera une validité performative, elle fera processus de création et image dans le paysage.
Vérifier l’Arcadie travaille également pour l’oeil-caméra. Il s’agit d’habiller de tissus des volumes qui provoqueront un moiré sur le capteur de l’appareil photographique et vidéographique (moiré que d’habitude nous fuyons : artefact vidéographique vibrant qui interdit l’usage de trop fines rayures, ou de petits motifs pied-de-poule sur les costumes ou les décors).
Dans un premier temps les volumes recouverts seront ceux du campement même (voiture, tentes).
Dans la mythologie grecque, les Moires (littéralement les « portions de destin assignées à chaque homme ») sont les trois divinités du Destin implacable, filles de la Nécessité : Clotho, « la Fileuse » Lachésis, « la Réparatrice », enroule le fil Atropos, « l’Implacable », coupe le fil. Cette « troïka » antique n’est pas sans nous rappeler celle d’aujourd’hui qui dicte ses règles, ses nécessités à la Grèce.
Les recherches artistiques de Guillaume Robert composent des micro-mondes, inventent des territoires à la croisée des champs (littérature, science, géopolitique, histoire de l’art…).
© Guillaume Robert
Il en résulte des expériences réflexives, poétiques et parfois purement sensitives.
La démarche de Guillaume Robert s’inscrit sous la forme de projets scénarisés dont les occurrences filmiques proposent une forme de réalisme magique, oscillant entre récit documentaire et bascule onirique.
Films après films, une odyssée rurale se dessine, elle privilégie les paysages de moyennes montagnes. Les corps, les mots, l’histoire, le travail y sont mis en scène dans le paysage.
Si les films font œuvre en tant que tel, ils sont le plus souvent accompagnés d’accessoires et d’images produits au cours de l’écriture processuelle et performative.
Ces objets témoignent de l’expérience collective et du contexte qui façonnent la production filmique. Point d’orgue de cette démarche, Guillaume Robert finalise le projet Vérifier l’Arcadie en 2015.
» Connais-tu le pays qui ressemble à un vaste atelier, mais qui se déploie sous le plus beau des ciels ? »
Voilà ce que nous cherchions. Et la pluie est là, elle inonde les Balkans, le Péloponnèse. On nous dit rare un printemps aussi pluvieux : en contre-partie, bientôt, nous aurons une végétation plus dense et colorée que jamais, le jaune des genêts ployant sur les routes des montagnes.
Sous la double modalité du documentaire et de la fiction, Vérifier l’Arcadie s’attache aux gestes, aux pratiques, aux modes d’action, de transformation, de présence et d’attention au paysage.
Comme l’indique le titre il s’agit de vérifier le territoire arcadien, fantasme occidentale du paradis perdu.
© Guillaume Robert
Guillaume Robert a voyagé de l’Arcadie grecque au plateau de Millevaches pour composer une Arcadie contemporaine et pastorale qui plonge ces racines dans les textes de Virgile et la peinture de Nicolas Poussin.
On se lave les dents au ruisseau, on s’effraye des couleuvres rouille, le troupeau nous fixe, la lune fait le ciel bleu.
Et parfois pour un torrent trop proche surgit une musique de knackis, pour une casquette trop rouge, une pilosité qui s’étoffe, Magnum. Pour prévenir les serpents enfouis dans les herbes, nous battons le sol devant nos pieds.
Bergère gutturale, petite, sac à dos épais, noir, sur lequel insole une image de manga, on ne voit pas ton visage sous ta visière, ni tes bras sous ton anorak, tu n’as pas de bâton mais ta voix se projette.